(Washington) Les États-Unis ont appelé tôt lundi Bagdad à tenir des élections anticipées et à faire cesser les violences contre les manifestants, alors que plus de 300 personnes ont été tuées en Irak depuis début octobre.

Dénonçant « la poursuite des attaques contre les manifestants, les militants et les médias, et les restrictions sur l’accès à internet en Irak », la Maison-Blanche réclame que « le gouvernement irakien cesse la violence contre les manifestants ».

Depuis le 1er octobre, officiellement, 319 personnes ont été tuées, pour beaucoup des protestataires qui réclament une refonte du système politique irakien et un renouvellement complet de la classe politique, inchangée depuis la chute en 2003 du dictateur Saddam Hussein.

La rue conspue également l’Iran, grand rival des États-Unis en Irak, parce qu’elle l’accuse d’être l’architecte du système politique, rongé par le clientélisme et la corruption.

Les États-Unis, en revanche, sont les grands absents de la contestation, avec quasiment aucun slogan contre eux et très peu de réactions de la part de leurs autorités.

Lundi, toutefois, la Maison-Blanche a proposé que Bagdad « tienne la promesse du président (Barham) Saleh de faire adopter une réforme électorale et de tenir des élections anticipées ».

M. Saleh avait appelé à un tel scrutin il y a une dizaine de jours. Près d’une semaine plus tard, le premier ministre Adel Abdel Mahdi avait retoqué cette option, la jugeant irréalisable.

Des sources ont expliqué à l’AFP que M. Saleh avait suscité l’ire de Téhéran en proposant d’en finir avec le gouvernement de M. Abdel Mahdi et d’aller vers des élections.

Le turbulent leader chiite Moqtada Sadr lui-même, qui avait appelé à des élections anticipées en premier début octobre, a cessé d’appeler à un tel scénario.

Quant aux autorités irakiennes, si elles ont semblé ébranlées début octobre, elles ont depuis plus que jamais resserré les rangs et se sont même entendues sur un accord politique pour en finir avec la contestation.

Cet accord a été rendu possible par des rencontres en amont organisées par le général iranien Qassem Soleimani, puissant commandant des opérations extérieures de l’armée idéologique de la République islamique.

Après cet accord pour un « retour à la vie normale », les forces de sécurité ont intensifié la répression dans un pays coupé du monde depuis une semaine, sans internet ni réseaux sociaux.