(Washington) Un haut responsable américain a déclaré mardi avoir demandé à l’Égypte de libérer la journaliste et blogueuse Esraa Abdel-Fattah, dénonçant une arrestation « scandaleuse ».

Le secrétaire d’État adjoint pour le Moyen-Orient, David Schenker, a expliqué lors d’une audition parlementaire avoir évoqué le cas de la militante la semaine dernière avec l’ambassadeur égyptien à Washington.

« Je l’ai rencontrée à plusieurs reprises. Je pense que c’est scandaleux », a-t-il dit au sujet de l’arrestation de la militante mi-octobre.

« C’est quelque chose de très important pour l’administration » de Donald Trump, a-t-il ajouté. « Nous en avons parlé. »

Esraa Abdel-Fattah, 41 ans, est connue pour avoir été l’une des fondatrices du « Mouvement du 6 avril » en 2008, à l’origine de la mobilisation de millions d’Égyptiens lors de la révolte de 2011 ayant provoqué la chute d’Hosni Moubarak.

Elle est accusée par les autorités égyptiennes de « collaborer avec une organisation terroriste », de « diffuser de fausses nouvelles » et de faire un « mauvais usage des réseaux sociaux », selon le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme.

Après son arrestation, elle a été « battue parce qu’elle a refusé de déverrouiller son téléphone portable » et a été « ensuite obligée de rester face à un mur pendant sept heures », a déclaré une porte-parole de l’institution onusienne.

Le Haut Commissariat a dénoncé les récentes arrestations de militants emblématiques en Égypte et demandé aux autorités d’enquêter sur les allégations de torture sur les personnes détenues.

David Schenker a réitéré que Washington appelait Le Caire à autoriser les manifestations pacifiques.

Des manifestations — rares en Égypte car interdites en vertu d’une loi adoptée en 2013 — ont eu lieu à travers le pays, principalement les 20 et 27 septembre, contre le président Abdel Fattah al-Sissi.

Selon plusieurs organisations de défense des droits de la personne, environ 3000 personnes ont depuis été arrêtées en Égypte, dont des intellectuels, des militants politiques, des avocats et des journalistes. Les ONG estiment que ce coup de filet est le plus vaste depuis l’arrivée au pouvoir du président en 2014.

Le président Trump a toutefois régulièrement apporté son soutien à son homologue égyptien, y compris lors de leur dernière rencontre, fin septembre en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.