(Téhéran) L’Iran a affirmé lundi que les États-Unis avaient rejeté une proposition de Téhéran suggérant des inspections plus poussées de son programme nucléaire en échange d’une levée des sanctions par Washington, qui selon la République islamique refuse le dialogue.

Après être sorti de manière unilatérale de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, Washington a rétabli des sanctions qui ont fait plonger l’Iran en récession et lui font perdre les acheteurs de son pétrole.

Les tensions se sont intensifiées ces dernières semaines avec des attaques contre des pétroliers dans le Golfe, imputées par Washington à Téhéran, qui dément toute implication.

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Le pétrolier Stena Impero a été saisi par les Gardiens de la Révolution iraniens, le 19 juillet.

Au titre du protocole additionnel au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) auquel Téhéran a souscrit en 2015, l’Iran a accepté que les inspecteurs de l’AIEA contrôlent toutes ses activités nucléaires, multiplient les visites de terrain inopinées et exploitent des milliers d’images de vidéosurveillance en temps réel.  

L’AIEA a souligné à maintes reprises que le régime d’inspection en place en Iran depuis 2015 est le plus dur au monde.

Mais Téhéran a dit avoir proposé aux États-Unis d’aller encore plus loin dans les inspections de son programme nucléaire.

« Si Washington cherche véritablement un accord […] l’Iran peut transformer le protocole additionnel en loi [en 2019] et [les États-Unis] peuvent dans le même temps […] lever toutes les sanctions illégales », a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi.

Il a cependant affirmé que Washington avait rejeté cette proposition iranienne.

« Mais comme nous l’avions prédit, elle a été rejetée, car nous savions qu’ils ne sont pas en faveur de pourparlers ou d’un accord qui donneraient des résultats satisfaisants », a-t-il dit en conférence de presse.

Selon lui, la proposition a été faite par le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, au cours d’une récente visite à New York, pour écarter l’idée que « l’Iran est contre des discussions [alors] que l’Amérique est pour le dialogue ».

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Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif s'est rendu à New York milieu juillet.

L’Iran a participé dimanche à une réunion avec des représentants des États toujours parties à l’accord nucléaire (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie et Chine) à Vienne pour tenter de sauver l’accord nucléaire.

Étranglé économiquement, l’Iran s’est affranchi début juillet de certains de ses engagements et menace de poursuivre son désengagement graduel de l’accord si les autres États parties ne lui permettent pas de contourner les sanctions américaines.

M. Moussavi a indiqué que durant la réunion, l’Iran avait protesté avec force contre « l’attitude et l’inactivité [des Européens] et l’arrestation d’Iraniens en Europe à l’instigation de l’Amérique » ainsi que contre la saisie d’un pétrolier chargé de brut iranien au large de Gibraltar début juillet, qui a contribué à dégrader un contexte déjà marqué par de vives tensions dans le Golfe.

En dépit des désaccords, les pourparlers étaient « francs et concluants » et ont permis de « tirer les choses au clair pour la suite du processus », a-t-il assuré.