Israël a donné accès mercredi à la presse aux tunnels creusés selon lui par le Hezbollah sous la frontière libanaise pour infiltrer son territoire, intensifiant sa campagne pour que l'ONU sévisse contre les agissements du mouvement chiite soutenu par l'Iran.

Au même moment à Jérusalem, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a appelé tous les membres du Conseil de sécurité, qui se sont réunis mercredi sur le sujet des tunnels, « à condamner les actes d'agressions injustifiées de la part du Hezbollah, à désigner le Hezbollah comme une organisation terroriste dans son intégralité, à pousser à des sanctions plus fortes contre » ce mouvement, l'un des grands ennemis d'Israël.

Le Hezbollah est considéré comme une organisation terroriste par Israël et les États-Unis, mais seule sa branche armée est classifiée comme telle par l'Union européenne.

De son côté, l'ONU a indiqué à New York que son enquête n'a pas permis jusqu'à présent d'établir que les tunnels avaient des sorties côté israélien « bien qu'ils constituent une violation » de la résolution 1701 des Nations unies.

Les tunnels sont censés servir à enlever ou assassiner des soldats ou des civils israéliens, et à s'emparer d'une frange du territoire israélien en cas d'hostilités, selon Israël.

L'armée israélienne a autorisé des journalistes, acheminés sur le site par véhicule blindé et strictement encadrés, à filmer l'un de ces tunnels, à seulement une dizaine de mètres de la frontière libanaise près de la localité israélienne de Metula.

Israël a lancé le 4 décembre une vaste opération de détection et de destruction de tunnels. Il dit avoir localisé quatre souterrains jusqu'à présent et y avoir disposé des explosifs afin d'en empêcher toute utilisation.

Le tunnel montré mercredi à la presse pénètre sur une quarantaine de mètres à l'intérieur d'Israël, selon l'armée. Les journalistes n'en ont pas vu le point de sortie, mais seulement un trou percé en amont pour y accéder.

Alentour, des pelleteuses opèrent dans la boue tout près de la barrière de béton de plusieurs mètres de haut qui marque la frontière avec le Liban.  

Sur ce chantier d'ampleur, le terrain est sondé en plusieurs endroits et du béton est ensuite déversé dans le sol après les forages.

L'armée israélienne laisse entendre que, si quatre souterrains ont été localisés, il y en a d'autres. Compte tenu de l'étendue de la frontière, des moyens technologiques, notamment ceux de la sismographie, sont mis en oeuvre. Israël bénéficie aussi des enseignements de sa lutte contre les tunnels d'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sous la frontière avec la bande de Gaza, au sud, dit-elle.

« Nous resterons ici jusqu'à ce que nous ayons fini. Cela a pris des années au Hezbollah pour construire ces tunnels, notre opération les renverra d'autant d'années en arrière », lance un responsable militaire sous le couvert de l'anonymat.

Violation

M. Nétanyahou a qualifié ces souterrains « d'acte de guerre ».

Il a appelé le Conseil de sécurité « à exiger du Liban qu'il cesse de permettre qu'on se serve de son territoire pour des actes d'agression » et à « soutenir le droit d'Israël à se défendre contre une agression inspirée et menée par l'Iran ».

« Sur la base de ses propres conclusions, la force de l'ONU au Liban a confirmé l'existence de quatre tunnels au sud de la Ligne bleue » tracée en 2000 par l'ONU après un retrait israélien du Liban, a indiqué mercredi le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix.

« Au moins deux de ces tunnels traversent la Ligne bleue et constituent des violations de la résolution 1701 » qui a mis un terme en 2006 au conflit israélo-libanais, a-t-il ajouté.

La dernière grande confrontation en date entre le Hezbollah et l'État hébreu remonte à 2006. Les 33 jours de guerre avaient fait 1200 morts côté libanais, et 160 côté israélien, sans neutraliser le mouvement chiite. Israël et le Liban restent techniquement en état de guerre. L'État hébreu répète être prêt à toutes les éventualités.

M. Nétanyahou a de nouveau présenté le Hezbollah comme « l'instrument » de l'Iran, son grand ennemi. Il a dénoncé le « fiasco total » de l'armée libanaise vis-à-vis du Hezbollah.

« Le gouvernement libanais, qui devrait être le premier à réagir et à protester, ne fait rien dans la meilleure des hypothèses et est de connivence dans la pire », a-t-il accusé.