Le premier ministre d'Irak Adel Abdel Mahdi a promis lundi de s'attaquer à la corruption et de faire rentrer chez eux des centaines de milliers de déplacés, un an après l'annonce de la victoire contre le groupe djihadiste État islamique (EI).

Le 9 décembre 2017, le premier ministre d'alors, Haider al-Abadi, a affirmé que les forces irakiennes avaient remporté la guerre contre l'EI qui avait pris en 2014 le contrôle du tiers du pays après une offensive fulgurante.  

Le 10 décembre a été retenu comme jour férié, et des célébrations se sont déroulées y compris à Bagdad, où les barrages et les véhicules militaires ont été décorés de ballons.

Malgré ce succès face à l'EI, obtenu grâce à l'aide des forces paramilitaires et surtout de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, l'Irak reste en proie à une crise politique et économique mise en veilleuse durant les trois ans de bataille antidjihadistes.

Sans oublier l'instabilité sécuritaire qui persiste avec des attaques à la bombe parfois revendiquées par l'EI dont des combattants ont fui dans le désert irakien après avoir été chassés des centres urbains.

L'Irak a enregistré «la plus grande victoire contre les forces du mal et le terrorisme», a clamé M. Abdel Mahdi. «La victoire finale que nous espérons désormais, c'est répondre aux aspirations et espoirs du peuple. Si nous n'éliminons pas la corruption, notre victoire restera inachevée».

«Le retour des réfugiés et la reconstruction de leurs villes sont un objectif auquel nous consacrerons tous nos efforts», a-t-il ajouté dans des propos diffusés par la télévision.

«Otage» des intérêts politiques

Les Irakiens veulent que leurs dirigeants s'attellent sérieusement à la corruption, aux pénuries d'électricité et d'eau et à la déliquescence des services publics. Ces revendications ont été au coeur de nombreuses protestations ces dernières années, les dernières ayant frappé le sud du pays de juillet à septembre.

De plus, plus de 1,8 million d'Irakiens sont toujours déplacés, dont beaucoup vivent dans des camps, et huit millions ont besoin d'aide humanitaire, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

«Nos héros ont payé un prix élevé pour obtenir la victoire militaire, et notre devoir est de gagner maintenant sur les plans politique, social et culturel», a dit le président irakien Barham Saleh sur Twitter.   

Actuellement, le premier ministre bute sur les divergences entre les formations qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur des titulaires pour plusieurs ministères, plus de six mois après les élections législatives.

Selon Fanar Haddad, un expert irakien, sa tâche semble bien compliquée car, «manquant à la fois d'une base populaire et politique, il se retrouve l'otage» des intérêts des différentes forces politiques.

«Pour la population, qui espérait et demandait un nouveau départ après la défaite de l'EI, le processus de formation du gouvernement qui s'éternise» montre que la classe politique est retombée dans les mêmes travers, estime-t-il.

Ouverture partielle de la Zone Verte

Contrairement aux manifestations de joie spontanées dans les rues à l'annonce de la «victoire» il y a un an, peu de célébrations ont marqué lundi ce premier anniversaire.

Parmi elles, la réouverture d'une artère de la Zone Verte ultra sécurisée dans la capitale irakienne, qui a été empruntée par plusieurs automobilistes irakiens. Cette route sera accessible cinq heures par jour durant les deux prochaines semaines.

La Zone Verte est un îlot bunkérisé depuis l'invasion emmenée par les États-Unis qui a renversé le régime de Saddam Hussein en 2003. Le gouvernement et le Parlement irakiens, ainsi que les ambassades des États-Unis et de Grande-Bretagne, y siègent.

L'objectif primordial de cette réouverture est d'alléger le trafic tentaculaire qui engorge Bagdad au quotidien, même si le gouvernement entend lui donner un aspect symbolique de stabilisation.

«Aujourd'hui, nous célébrons deux choses, la victoire et la réouverture de la Zone Verte», déclaré Hussein al-Charfi, 30 ans, à bord de sa voiture décorée de ballons et de drapeaux irakiens, à l'entrée nord de la Zone Verte.