Jusqu'à 20 millions de Yéménites sont en situation d'insécurité alimentaire en raison du conflit qui ravage depuis 2015 ce pays, le plus pauvre du Golfe, ont alerté samedi des agences de l'ONU.

Selon un communiqué commun des agences de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, du Fonds pour l'enfance (UNICEF) et du Programme alimentaire mondial (PAM), « jusqu'à 20 millions de Yéménites sont en situation d'insécurité alimentaire dans ce qui est la pire crise humanitaire au monde ».

Quelque « 15,9 millions de personnes se réveillent déjà affamés » au Yémen, ont-elles ajouté, se basant sur l'échelle du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire de la FAO (IPC), standard le plus utilisé pour classifier la sécurité alimentaire.

Selon l'échelle IPC, les 20 millions de Yéménites confrontés à une « insécurité alimentaire aiguë et grave » représentent 67 % de la population du pays.

« Ce que l'IPC nous dit est alarmant », a estimé Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le Yémen.

Pour le directeur du PAM, David Beasley, cette analyse « est une sonnette d'alarme qui montre que la famine augmente ». « Nous avons besoin d'une augmentation massive de l'aide et d'un accès sûr à tous les secteurs du Yémen afin de secourir des millions de Yéménites. Sinon, nous abandonnerons une génération entière d'enfants à la faim ».

La situation humanitaire s'est récemment détériorée en raison de l'insécurité à Hodeida, ville portuaire sur la mer Rouge par où transitent 70 % des importations yéménites selon le PAM. Les forces progouvernementales, appuyées par la coalition militaire sous commandement saoudien, tentent de reprendre depuis des mois cette ville aux rebelles, soutenus par l'Iran, au prix de combats meurtriers.

Ces nouveaux chiffres de l'ONU sont communiqués au moment où les belligérants yéménites sont réunis pour la première fois depuis 2016 dans le cadre de pourparlers de paix initiés par l'ONU en Suède.

Depuis l'intervention de la coalition au Yémen en mars 2015, les combats ont fait quelque 10 000 morts et plus de 56 000 blessés selon l'Organisation mondiale de la santé. Mais des ONG estiment que le bilan réel des victimes directes ou indirectes du conflit est largement plus élevé.

Outre la dévastation et la crise humanitaire, l'économie nationale est en lambeau : le riyal, la monnaie locale, a perdu plus de 36 % de sa valeur en 2018, le taux de chômage culmine à plus de 30 % et l'inflation devrait être de 42 %. La majorité des fonctionnaires ne sont pas payés.

« Une large proportion de la population, même dans les régions les plus stables, ne peut accéder aux denrées alimentaires les plus basiques car leur prix a bondi de 150 % par rapport aux niveaux d'avant la crise », selon le communiqué des agences onusiennes.