La cheffe de l'opposition israélienne Tzipi Livni a accusé mercredi le premier ministre Benyamin Nétanyahou d'avoir dramatisé à des fins politiques la découverte par l'armée de tunnels du Hezbollah libanais destinés à des infiltrations en Israël.

Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères lors de la guerre de 2006 contre le Hezbollah, a déclaré à la radio publique que si elle-même et le reste de l'opposition se félicitaient de la découverte par l'armée des tunnels et de leur destruction, les « proportions [de l'incident] devaient être gardées ».  

« Nous ne sommes pas dans une situation où nos soldats sont derrière les lignes ennemies », a-t-elle déclaré. « Nous parlons d'activité d'ingénierie sur le territoire souverain de l'État d'Israël », a-t-elle ajouté, accusant Nétanyahou d'avoir « exagéré les proportions de l'incident ».  

Israël a annoncé mardi avoir découvert des tunnels du Hezbollah, son ennemi juré, infiltrant son territoire depuis le Liban et lancé une opération pour les détruire.  

Selon le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de l'armée, les « tunnels d'attaque » creusés par le mouvement chiite soutenu par l'Iran, principal ennemi d'Israël, n'étaient pas encore opérationnels.  

Lors d'une conversation téléphonique en soirée, Benyamin Nétanyahou a demandé au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, que l'ONU condamne la « violation de la souveraineté israélienne » par le Hezbollah, selon un communiqué de son bureau.

Il l'a aussi appelé à pousser la communauté internationale « à imposer davantage de sanctions au Hezbollah », a ajouté le communiqué.

La veille, M. Nétanyahou, qui met en avant son image de « M. Sécurité » pour séduire les électeurs israéliens, est intervenu à la télévision pour expliquer la menace, le chef d'état-major de l'armée, Gadi Eisenkot, à ses côtés.

Le premier ministre cherche à maintenir sa coalition au pouvoir après la démission du ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, le mois dernier à la suite d'un cessez-le-feu controversé à Gaza, le laissant avec une majorité d'une seule voix au Parlement.

Il est aussi confronté à des problèmes juridiques grandissants, la police ayant recommandé dimanche son inculpation et celle de son épouse Sara pour corruption.  

Tzipi Livni a affirmé que M. Nétanyahou avait voulu faire oublier les critiques des habitants du sud d'Israël qui affirment qu'il n'a pas réussi à mettre fin aux menaces de tirs de roquettes sur leurs localités par les groupes armés palestiniens à Gaza.

« C'est la raison pour laquelle il a transformé un événement d'ingénierie défensive en une opération militaire dramatique », a-t-elle dit. « Cela a été fait pour deux raisons : soit le premier ministre panique lui-même, soit il veut semer la panique pour justifier ses actions, celle de retarder les élections et celle d'abandonner les habitants du sud d'Israël ».

Dans un entretien téléphonique avec des journalistes étrangers, Tzipi Livni a ensuite estimé que la communauté internationale devrait exercer davantage de pressions sur le Liban au sujet des activités du Hezbollah.