Quasiment toute la population du Yémen a besoin de protection et d'assistance humanitaire, a alerté mardi l'ONU, qui va chercher à aider l'an prochain les plus vulnérables.

Dans son appel humanitaire mondial pour 2019, les Nations unies assurent que « le Yémen n'a jamais été aussi proche de la famine ».

« Le pays qui aura le plus gros problème en 2019 sera le Yémen », a déclaré Mark Lowcock, secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires de l'ONU, lors d'une conférence de presse à Genève.

Mais si les pourparlers de paix inter-yéménites prévus en Suède donnent des résultats, « il est possible que d'ici le second semestre de l'année » les Yéménites voient leurs souffrances se réduire, a affirmé le haut responsable de l'ONU.

Près de 80 % de la population de ce pays ravagé par plusieurs années de guerre, soit approximativement 24 millions de personnes, ont « maintenant besoin d'une forme ou autre de protection et d'une assistance humanitaire », explique l'ONU dans son appel humanitaire.

Dans l'ensemble du pays, 18 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire, dont 8,4 millions souffrent désormais de « faim extrême », pointe le rapport.

L'ONU a besoin de 4 milliards de dollars pour venir en aide à 15 millions de personnes au Yémen l'an prochain. Actuellement, le PAM vient en aide à environ 8 millions de personnes et l'ONU espère porter ce chiffre à 12 millions en 2019, selon M. Lowcock.

« Ce n'est pas un pays au bord de la catastrophe, c'est un pays qui est déjà en situation de catastrophe », a affirmé lors d'une conférence de presse le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley.

Il ne faut pas attendre que la famille soit formellement déclarée pour agir, a-t-il plaidé. « Tout le monde doit être sur le pont, car une fois une famine déclarée nous courons après ».

Il a notamment raconté une visite récente à l'hôpital de Sanaa où il a vu un garçon de huit ans alité, qui paraissait en avoir cinq. Il dit lui avoir chatouillé un pied pour en tirer un sourire, c'était comme « chatouiller un fantôme ».

Cet hôpital accueille 50 enfants dans cet état de dénutrition chaque jour, mais n'a la capacité d'en traiter que 20. Pour les 30 autres, l'administrateur de l'hôpital lui a dit « nous les renvoyons mourir à la maison », a relaté David Beasley.

Depuis 2015, le Yémen est soumis à une guerre opposant les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, qui contrôlent le port de Hodeida ainsi que la capitale Sanaa, à une coalition arabe sous commandement saoudien qui défend le gouvernement réfugié à Aden.

Depuis l'intervention de la coalition militaire sous commandement saoudien en mars 2015, les combats ont fait quelque 10 000 morts et plus de 56 000 blessés au Yémen, selon l'Organisation mondiale de la santé. Mais des ONG estiment que le bilan réel des victimes directes ou indirectes du conflit est largement plus élevé.

La situation humanitaire au Yémen s'est détériorée en raison de l'insécurité à Hodeida, par où transitent 70 % des importations yéménites selon le Programme alimentaire mondial (PAM) et que les forces pro-gouvernementales, appuyées par la coalition militaire sous commandement saoudien, tentent de reprendre depuis des mois au prix de combats meurtriers.