L'ONU et le croissant rouge syrien ont commencé samedi à livrer une aide humanitaire à quelque 50 000 déplacés dans un camp en Syrie proche de la frontière jordanienne, ont annoncé les deux organisations.

Il s'agit de la première aide livrée depuis janvier au camp de fortune de Rokbane, dans le sud-est de la Syrie, où les déplacés vivent dans le dénuement total.

Début octobre, un bébé de cinq jours et une fillette de quatre mois sont décédés à Rokbane en raison du manque de soins, selon l'UNICEF.

« Les Nations unies et le Croissant rouge arabe syrien fournissent une aide humanitaire à 50 000 personnes dans le besoin dans le camp de Rokbane », a indiqué un communiqué de l'ONU. La distribution de l'aide « devrait durer trois à quatre jours ».

Le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Ali Zaatari, a déclaré que l'ONU fournissait « une aide alimentaire, sanitaire et hygiénique en coopération avec le Croissant rouge syrien ».

« Nous menons également une campagne de vaccination d'urgence pour protéger quelque 10 000 enfants contre la rougeole et la polio », a-t-il ajouté dans le même communiqué.

« Il s'agit du premier convoi du Croissant rouge syrien à se rendre au camp de Rokbane après l'obtention de garanties (sécuritaires) de toutes les parties », a déclaré de son côté le président de cette organisation, Khaled Hboubati.  

Le convoi est composé de « 78 camions » chargés de plus de 10 000 « cartons de nourriture et sacs de farine, des vêtements pour 18 000 enfants, des kits hygiène et des médicaments », selon le croissant rouge.

La situation humanitaire s'est considérablement dégradée dans cette zone depuis un attentat suicide mené en juin 2016 par le groupe djihadiste État islamique (EI) contre l'armée jordanienne, qui avait perdu sept soldats.

Amman avait dans la foulée fermé sa frontière avec la Syrie, la déclarant « zone militaire », et interdit le passage de toute aide vers les camps de fortune. Elle n'a depuis autorisé que quelques livraisons d'aide humanitaire, sur demande de l'ONU.

L'arrivée de l'aide va soulager les réfugiés du camp et leur apporter « un certain confort », mais si celle-ci « n'est pas régulière [...] », a affirmé Abou Karim, un habitant du camp joint par l'AFP.  

Cette aide « résout une partie de la crise alimentaire, mais pas les difficultés sanitaires. Nous continuons de souffrir de l'absence de médecins et d'hôpitaux [...] ne serait-ce que pour les premiers soins », a-t-il déploré.  

Aucun hôpital ou dispensaire n'existe, en effet, dans le camp de Rokbane. Seule une clinique est ouverte du côté jordanien pour traiter les cas urgents, mais cela reste insuffisant, selon l'UNICEF.

La guerre en Syrie a fait plus de 360 000 morts depuis son déclenchement en 2011, tandis que plus de la moitié de la population a été déplacée, dont plus de six millions à l'intérieur du pays.