Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été la victime d'une « exécution extrajudiciaire » commise par « l'État » saoudien, a affirmé jeudi une experte auprès de l'ONU, en réclamant une « enquête internationale » sur cette affaire.

« L'Arabie saoudite elle-même a admis que le crime a été prémédité et a impliqué des responsables de l'État », a relevé lors d'une conférence de presse Agnès Callamard, rapporteuse spéciale auprès de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires.

« Ont-ils agi au nom de l'État ? Cela doit être précisé », a-t-elle ajouté. « Mais du point de vue des droits humains », le crime « porte toutes les marques d'une exécution extrajudiciaire » et « il revient au Royaume d'Arabie saoudite de démontrer que ce n'était pas le cas ».

« À ce stade, personnellement, pas besoin de savoir que d'autres personnes sont impliquées dans le crime pour conclure qu'il s'agissait d'une exécution extrajudiciaire », a insisté l'experte de l'ONU. « Parce que les gens impliqués, les gens qui l'ont commandée, qui l'ont organisée sont assez haut placées pour représenter l'État » saoudien.

« Il n'y a pas d'information jusqu'à présent indiquant qu'ils ont agi comme des voyous », a aussi fait valoir Agnès Callamard.

« Nous pensons qu'une enquête internationale doit suivre », en raison de « la nature du crime, de la victime, des gens impliqués, du lieu du crime ». « Parce que nous parlons d'un crime contre un journaliste, que la violence contre les journalistes est une lutte prioritaire des Nations unies et de plusieurs de ses États membres », a aussi souligné l'experte.

Selon elle, avec le consentement de la Turquie et de l'Arabie saoudite, cette enquête internationale pourrait être décidée par le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale de l'ONU, le secrétaire général de l'Organisation ou le Conseil des droits de l'homme basé à Genève.

Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre dans le consulat saoudien d'Istanbul. Son corps n'a pas été retrouvé.