L'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, le Bulgare Nickolay Mladenov, a mis en garde jeudi le Conseil de sécurité contre le risque d'un nouveau conflit « dévastateur » à Gaza, lors d'une réunion marquée par de vives critiques israéliennes contre un Israélien, les Palestiniens et la Bolivie.

« Gaza est en train d'imploser. Ce n'est pas une hyperbole. Ce n'est pas de l'alarmisme. C'est une réalité », a averti par liaison vidéo Nickolay Mladenov, en évoquant une économie en « chute libre ».

« Tous les indicateurs clés - humanitaire, économique, sécuritaire et politique - continuent de se détériorer. Nous restons au bord d'un nouveau conflit potentiellement dévastateur, un conflit que tout le monde dit ne pas vouloir, mais qui demande bien plus que des mots pour l'éviter ».

À défaut « d'actions très claires de toutes les parties pour réduire la tension, les conséquences seront terribles », a-t-il estimé.

La Bolivie avait choisi de faire intervenir ensuite Hagai El-Ad, directeur de B'Tselem, une ONG israélienne opposée à l'occupation israélienne dans les Territoires palestiniens.

« La bande de Gaza, où vivent 2 millions de personnes, est une prison à ciel ouvert », a notamment dit cet Israélien assis à côté de l'ambassadeur palestinien auprès de l'ONU, Riyad Mansour.

Israël a vivement critiqué sa présence et son intervention. Le Conseil vient d'assister à « un cirque », a asséné l'ambassadeur israélien, Danny Danon, en soulignant que son organisation était financée par des Européens.

Quittant l'anglais, le diplomate a prononcé quelques phrases en hébreu à l'attention de Hagai El-Ad, incompréhensibles pour la majorité des membres du Conseil de sécurité et des traducteurs de l'ONU.

Selon une source diplomatique, Danny Danon a lancé au directeur de B'Tselem qu'il était « un citoyen israélien au service de l'ennemi ». « Honte à toi, collaborateur », a-t-il ajouté, selon cette même source.

En anglais, Danny Danon a aussi vivement reproché à la Bolivie son initiative. « Trouvez-moi un Palestinien ou un Bolivien venant devant le Conseil de sécurité critiquer ses autorités », a-t-il lancé, en fustigeant par ailleurs « la culture de la haine » des Palestiniens et de leur dirigeant Mahmoud Abbas à l'égard d'Israël.

Concernant Gaza, « nous sommes au seuil d'une escalade majeure », a reconnu l'ambassadeur israélien, en condamnant le lancement récent de roquettes de Gaza vers son pays.

Premier membre du Conseil de sécurité à prendre la parole, l'ambassadrice américaine démissionnaire Nikki Haley est restée focalisée sur une dénonciation de l'Iran, sans évoquer le conflit israélo-palestinien.

Plusieurs pays européens ont exprimé leur inquiétude devant l'évolution de la situation au Proche-Orient.

« Un plan de paix qui s'affranchirait des paramètres internationalement agréés des deux États se condamnerait à l'échec », a mis en garde l'ambassadeur français, François Delattre, alors que la divulgation d'un projet américain de résolution du conflit se fait toujours attendre.

Si certains diplomates du Conseil de sécurité s'interrogent sur la réalité de ce plan américain, d'autres craignent qu'en échange d'un « gros paquet économique », le projet américain ne soit « délié » de tous les paramètres internationaux, avec une capitale pour les Palestiniens « réduite à une banlieue de Jérusalem », et une absence « de référence au retour des réfugiés et au démantèlement des colonies ».