Les services de renseignement américains avaient connaissance d'un projet saoudien, impliquant le prince héritier Mohammed Ben Salmane, consistant à attirer le journaliste Jamal Khashoggi dans un piège pour l'arrêter, affirme mercredi le Washington Post.

Jamal Khashoggi, un journaliste critique du pouvoir saoudien qui collabore au Washington Post, a disparu depuis plus d'une semaine après s'être rendu au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.

Des sources gouvernementales turques ont indiqué avoir des éléments accréditant la thèse d'une capture ou même d'un meurtre.

Selon le Washington Post, le journaliste de 59 ans, qui avait choisi de vivre aux États-Unis, avait fait part à plusieurs de ses amis de sa méfiance à l'égard de propositions qui lui auraient été faites par des responsables saoudiens. Il se serait vu offrir une protection ou même un emploi de haut niveau.

Le journal souligne qu'une implication personnelle de Mohammed Ben Salmane, homme fort du régime saoudien, pourrait se révéler embarrassante pour l'administration Trump si elle était confirmée.

Le prince héritier entretient des liens étroits avec de hauts responsables américains, au premier rang desquels Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain Donald Trump.

Interrogé par les journalistes, le porte-parole adjoint du département d'État Robert Palladino a affirmé mercredi que les États-Unis n'étaient pas informés de menaces pesant sur Jamal Khashoggi.

«Bien que je ne puisse pas m'exprimer sur les questions de renseignement, je peux catégoriquement dire que nous n'étions pas informés à l'avance de la possible disparition de M. Khashoggi», a-t-il dit.

Donald Trump a réclamé mercredi des explications à l'Arabie saoudite sur le sort du journaliste.

Le président des États-Unis a déclaré s'être entretenu «au plus haut niveau» avec les Saoudiens, et ce «plus d'une fois», au sujet de Jamal Khashoggi, qui n'a plus donné signe de vie depuis son entrée au consulat saoudien en Turquie le 2 octobre.

«Nous sommes très déçus de voir ce qui se passe. Nous n'aimons pas ça» et «nous voulons savoir ce qu'il se passe là-bas», a-t-il assuré.

Des responsables de son administration ont eu des entretiens téléphoniques avec Mohammed Ben Salmane lui-même à au moins trois reprises ces derniers jours, a précisé la Maison-Blanche.