La mission de Nations unies en Afghanistan (MANUA) a alerté dans un rapport publié dimanche sur «l'augmentation du nombre d'attaques délibérées et aveugles menées contre la population civile» par les talibans et le groupe État islamique (EI) à l'aide d'engins explosifs.

Entre le 1er janvier et le 30 septembre, la MANUA a recensé 3634 victimes civiles (1065 morts et 2569 blessés) résultant d'attentats suicides et d'explosion d'engins artisanaux, soit une augmentation de 21% par rapport à 2017.

Parmi les morts, elle comptabilise 72 femmes et 155 enfants.

Sur la même période, elle souligne que le nombre de victimes d'attentats suicides a augmenté de 46% par rapport à 2017, ces attaques ayant fait plus de morts et de blessés parmi les civils que toute autre tactique, y compris les combats au sol, est-il souligné.

Les victimes étaient des étudiants, des spectateurs ou pratiquants d'une activité sportive, des fidèles dans des mosquées, des membres d'organisations humanitaires ou éducatives, des fonctionnaires ou des citoyens désireux de s'engager dans le processus électoral.

La MANUA attribue 52% des victimes civiles à l'EI, 40% aux talibans, et le reste à des groupes non identifiés.

La plupart de ces attaques «apparaissent être spécifiquement dirigées» contre la minorité chiite, note le rapport. Les groupes sunnites extrémistes, comme l'EI, les considèrent comme des infidèles.

«La nature imprévisible de ce type d'attaques, souvent loin des combats et dans des zones peuplées de civils, fait vivre les Afghans ordinaires dans la peur de la prochaine explosion, ce qui réduit considérablement leur capacité à mener une vie normale», souligne le rapport.

«Les attentats-suicides et autres attentats à l'explosif artisanal dirigés contre la population civile, ainsi que l'utilisation aveugle de ces tactiques, constituent de graves violations du droit humanitaire international et peuvent constituer des crimes de guerre», ajoutent ses auteurs.

Selon la MANUA, «l'utilisation généralisée d'engins explosifs improvisés contre la population civile afghane (y compris les minorités religieuses et/ou ethniques) peut également constituer un crime contre l'humanité et doit faire l'objet d'une enquête par les autorités compétentes».

La MANUA devrait publier dans le courant du mois ses chiffres globaux sur les victimes civiles pour la période allant de janvier à septembre. Son précédent rapport, pour la période de janvier à juillet, avait fait état d'un nombre record de décès de civils.