L'attaque contre une école de sages-femmes à Jalalabad dans l'est de l'Afghanistan, l'une des villes les plus conservatrices du pays et théâtre de fréquents attentats, « est terminée » après sept heures d'échanges de tirs entre les forces de l'ordre et les assaillants retranchés, a indiqué samedi à l'AFP le porte-parole du gouverneur provincial, Attaullah Khogyani.

Les 67 étudiantes et l'encadrement du centre ont été libérés sains et saufs, mais deux personnes ont été tuées - un garde et un chauffeur - et cinq, blessées, a précisé à l'AFP le porte-parole de la police du Nangarhar, Ghulam Sanyee Stanikzai.

L'attaque n'a pas été revendiquée, mais un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a assuré à l'AFP que « l'attaque de Jalalabad n'a rien à voir avec nous », laissant supposer qu'elle était conduite par les extrémistes du groupe État islamique (EI).

La première explosion a retenti vers 3 h, suivie d'autres détonations et de tirs.

« L'attaque a visé notre centre de formation des sages-femmes », a indiqué le porte-parole du département provincial de la santé, Inamullah Miakhil, qui a précisé que cette école était financée par le ministère de la Santé sans fonds occidentaux.

Elle est située dans le centre-ville de Jalalabad, au coeur d'un quartier qui regroupe de nombreux bâtiments administratifs.

Des témoins ont affirmé à l'AFP avoir entendu plusieurs explosions successives suivies de tirs. Ehsan Niazi, qui se trouvait au service du travail et des affaires sociales voisin de l'école, a également signalé de la fumée montant du site.

« Après la première explosion, j'en ai entendu trois autres et j'ai vu trois assaillants s'engouffrer dans la rue conduisant au service », a-t-il rapporté, soulignant que des ambulances étaient sur place.

Un autre témoin, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a dit avoir « entendu des tirs et vu des assaillants qui dispersaient des mines » pour ralentir l'intervention des secours et des forces de l'ordre.

Mortalité maternelle

La formation de sages-femmes est une nécessité absolue dans le pays : l'UNICEF estime qu'à peine 45 % des femmes afghanes bénéficient d'une assistance médicale durant leur accouchement.

Après une nette amélioration dans les dix années qui ont suivi l'intervention américaine fin 2001 pour chasser les talibans du pouvoir, le taux de mortalité maternelle s'est de nouveau détérioré, faute de personnels qualifiés et de structures de soins dans les régions les plus reculées ou en proie à l'insécurité, estime l'USAid, l'agence de développement des États-Unis et l'un des principaux donateurs.

Ce taux s'établissait officiellement à 396 décès pour 100 000 naissances en 2015 (contre plus de 1600 estimations en 2002) ; mais ces chiffres sont contestés par les observateurs sur le terrain qui font valoir que beaucoup de régions sont hors de portée des études de l'UNICEF ou du gouvernement afghan.

Jalalabad, capitale régionale de l'Est, et la province du Nangarhar dans son ensemble sont parmi les régions les plus conservatrices et fréquemment le théâtre d'attentats perpétrés par les talibans ou le groupe EI.

Le dernier en date remontait au 11 juillet contre un bâtiment du service de l'éducation. L'opération, qui n'avait pas été revendiquée, avait fait 11 morts.

La veille, une attaque suicide de l'EI contre un convoi des services de renseignements afghans avait fait 12 morts, essentiellement des civils pris dans l'incendie d'une station-service déclenché par l'explosion.

La pression exercée depuis l'hiver par les forces afghanes appuyées par l'armée américaine a permis récemment de déloger l'EI des districts qu'il contrôlait depuis deux ans, même si sa présence est loin d'avoir été éliminée dans la région.