Deux ministres israéliens ont appelé à amender une loi controversée définissant Israël comme «l'État-nation du peuple juif», pour tenir compte des membres de la minorité druze qui estiment que le texte fait d'eux des «citoyens de seconde zone».

Cette loi adoptée il y a une semaine par le Parlement israélien, avec le soutien du premier ministre Benyamin Nétanyahou, déclare que l'établissement de «localités juives relève de l'intérêt national» et fait de l'hébreu la seule langue officielle du pays, alors que l'arabe avait auparavant un statut identique.

Les druzes, qui vivent principalement en Galilée, dans le nord d'Israël, parlent l'arabe et professent une foi issue d'un islam très hétérodoxe.

Ils sont citoyens à part entière d'Israël, leurs chefs de file ayant passé une alliance avec les dirigeants sionistes avant même la création d'Israël.

Contrairement aux Arabes israéliens, ils servent dans l'armée et sont particulièrement nombreux parmi les soldats de carrière et dans la police.

Des responsables de la communauté druze, qui compte plus de 130 000 membres en Israël, ont lancé une campagne pour protester contre la loi très controversée sur «l'État-nation juif», appelant à une grande manifestation samedi 4 août dans le centre de Tel-Aviv.

Le ministre des Finances Moshé Kahlon a jugé jeudi sur la radio publique que le texte, adopté il y a une semaine, «avait été passé dans la hâte et devait être amendé».

«La dernière chose que nous voulons c'est porter atteinte à la communauté druze», a dit M. Kahlon, chef du parti de centre droit Koulanou, deuxième force politique de la coalition au pouvoir.

Mercredi, c'est le ministre de l'Éducation Naftali Bennett, chef de file du parti nationaliste religieux Foyer juif, qui avait estimé dans un tweet, que la loi dans sa forme actuelle était «très préjudiciable» pour les druzes «et quiconque a lié son destin à celui de l'État juif». 

«Nos frères» 

«Il s'agit de nos frères avec qui nous combattons coude à coude sur le champ de bataille (...), nous avons la responsabilité de trouver un moyen de combler le fossé (avec eux)», avait souligné M. Bennett.

Une rencontre sur le sujet s'est déroulée jeudi entre Benyamin Nétanyahou, plusieurs ministres dont Ayoub Kara, qui appartient à la communauté druze, et deux députés druzes de la coalition au pouvoir.

Le bureau de M. Nétanyahou a annoncé après cette réunion qu'il rencontrera vendredi des responsables de la communauté et qu'un plan «destiné à exprimer le lien profond entre l'État d'Israël et la communauté druze» sera mis en place.

L'article le plus controversé de la loi, qui évoquait la possibilité de créer des localités uniquement réservées aux juifs, excluant notamment les citoyens arabes israéliens a déjà été amendé face au tollé suscité.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948. Ils représentent 17,5% de la population israélienne, très majoritairement juive, et se disent victimes de discriminations.

Le texte amendé spécifie que «l'État considère que le développement des localités juives relève de l'intérêt national et que l'État prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt».

Le responsable palestinien Saeb Erekat a de son côté qualifié la loi de «contraire à tous les principes des droits humains universels».

Dans une conférence de presse, il a dénoncé une «loi raciste» qui selon lui a transformé le conflit «territorial, politique et national en conflit religieux».

La loi, qui entre dans la catégorie des lois fondamentales faisant office de Constitution en Israël, proclame également que Jérusalem est la capitale d'Israël, y compris la partie palestinienne de la ville annexée par l'État hébreu. L'ONU n'a jamais reconnu cette annexion.