L'Iran ne peut pas «interagir» avec les États-Unis, pays qui ne «respecte pas ses promesses», a déclaré mercredi soir le guide suprême iranien Ali Khamenei, selon les extraits d'un discours diffusés par la télévision d'État iranienne.

«La première expérience» à retenir du comportement des États-Unis au fil du temps «est que le gouvernement de la République islamique ne peut pas interagir avec l'Amérique», a déclaré l'ayatollah Khamenei, cité par le site internet de Press TV, la chaîne internationale de la télévision d'État.

«Pourquoi ?» a ajouté le guide : «Parce que l'Amérique ne respecte pas ses promesses».

M. Khamenei semble ainsi adresser une fin de non recevoir aux exigences formulées lundi par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo après que Washington eut annoncé le 8 mai son retrait de l'accord international sur le nucléaire iranien signé en juillet 2015 à Vienne.

M. Pompeo a affirmé que son pays était prêt à négocier un nouvel accord pour que l'Iran «change de comportement» mais a posé douze conditions à Téhéran pour cela, tout en menaçant la République islamique des «sanctions les plus fortes de l'histoire» si elle ne les accepte pas.

Pour les États-Unis, l'Iran devrait ainsi reconnaître la dimension militaire passée de son programme nucléaire, cesser tout enrichissement d'uranium et fermer son réacteur à eau lourde, donner aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) accès sans conditions à tous les sites du pays, cesser son soutien au Hezbollah libanais et aux mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique, ou encore «retirer toutes les forces sous commandement iraniens sur l'ensemble du territoire de la Syrie».

Signé entre la République islamique et Groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), l'accord de Vienne a permis un retour de l'Iran dans la communauté des nations après des années d'isolement et un allègement des sanctions internationales le visant en échange d'une réduction drastique du programme nucléaire iranien.

Présenté par des partisans en Occident comme le meilleur moyen d'empêcher l'Iran d'acquérir l'arme atomique, l'accord est aux yeux du président américain Donald Trump l'«un des pires» jamais conclus par Washington.

Missiles et pétrole

À propos des efforts entrepris par l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Union européenne pour tenter de garder l'Iran dans l'accord malgré le retrait américain, M. Khamenei a redit son exigence de voir les Européens fournir des «garanties» solides à Téhéran pour que la République islamique puisse bénéficier des retombées économiques attendues au titre de ce pacte.

Comme en écho aux conditions posées par M. Pompeo, M. Khamenei a détaillé sur son compte Twitter ses attentes.

«L'Europe doit garantir qu'elle ne soulèvera pas la question des missiles de la République islamique ni celle des affaires régionales», écrit-il ainsi, alors que le président français Emmanuel Macron a justement proposé de «compléter» l'accord de Vienne en amenant l'Iran à discuter de ces missiles balistiques et de son rôle dans plusieurs conflits régionaux, comme en Syrie.

L'Europe doit garantir que l'Iran puisse vendre «la totalité» du pétrole qu'il souhaite écouler à l'extérieur, et les banque européennes la possibilité de «transactions commerciales avec l'Iran», détaille l'ayatollah Khamenei.

«Si les Européens hésitent à répondre à nos exigences, l'Iran sera en droit de reprendre ses activités nucléaires», ajoute-t-il reprenant une menace déjà brandie par le passé.

«Si nous constatons que [l'accord de Vienne] ne produit aucune bénéfice» pour l'Iran, dit-il, «l'une de nos possibilités est de reprendre les activités» nucléaires auxquelles l'Iran a renoncé par ce texte.