Le président américain Donald Trump a menacé mercredi l'Iran de «conséquences très graves» s'il décidait de relancer son programme nucléaire, au lendemain de l'annonce du retrait des États-Unis de l'accord visant à empêcher Téhéran d'obtenir l'arme nucléaire.

«Je conseille à l'Iran de ne pas relancer son programme nucléaire. Je leur conseille très vivement» de ne pas le faire, a déclaré M. Trump à la presse à la Maison-Blanche avant une réunion du cabinet.

«S'ils le font, il y aura des conséquences très graves, OK?», a-t-il ajouté en réponse à une question sur ce sujet.

«Nous continuerons de travailler aux côtés de nos alliés et de nos partenaires pour faire en sorte que l'Iran ne puisse jamais acquérir l'arme nucléaire, et nous travaillerons avec d'autres pour faire face à l'influence néfaste de l'Iran», a pour sa part dit le secrétaire américain à la Défense James Mattis à une commission du Sénat.

«Cette administration demeure déterminée à faire passer la sécurité, les intérêts et le bien-être de nos citoyens avant tout», a-t-il ajouté.

«Nous n'avons constaté aucun recul ou réduction des activités malveillantes (...) de l'Iran dans la région», a-t-il dit. «Nous avons quitté l'accord parce que nous avons trouvé qu'il était inadéquat pour l'effort sur le long terme», a-t-il ajouté en utilisant l'acronyme anglais de l'accord.

Les sénateurs ont demandé à M. Mattis si le retrait américain de l'accord laissait présager un conflit militaire avec l'Iran.

Bien que le Pentagone maintienne toujours des options militaires, la guerre n'est pas l'option «par défaut», a répondu M. Mattis, affirmant que la diplomatie restait la voie privilégiée.

Donald Trump a annoncé mardi le retrait des États-Unis de l'accord signé en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances à l'issue de près de deux années de négociations internationales.

Il a aussi annoncé le rétablissement de sanctions contre la République islamique, qui avaient été levées en contrepartie de l'engagement pris par l'Iran de ne pas se doter de l'arme nucléaire.

En réaction, le président iranien Hassan Rohani, un des pères de l'accord, a offert aux autres parties (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie) une courte fenêtre de négociations pour sauver ce pacte, tout en menaçant d'une reprise par l'Iran des activités d'enrichissement d'uranium.

«Une erreur», selon Macron

Le chef de l'État français Emmanuel Macron a qualifié mercredi d'«erreur» la décision de son homologue américain Donald Trump de sortir son pays de l'accord sur le nucléaire iranien.

«Je regrette la décision du président américain, je pense que c'est une erreur, c'est pourquoi nous Européens avons décidé de rester dans l'accord de 2015», a déclaré M. Macron dans une interview accordée à la télévision publique allemande à l'occasion d'un déplacement en Allemagne, et qui a été diffusée par l'Elysée.

«J'ai eu tout à l'heure l'occasion de le dire au président (iranien Hassan) Rohani», a ajouté M. Macron.

La présidence française avait annoncé peu avant que M. Macron et son homologue iranien étaient convenus lors d'un entretien téléphonique de «poursuivre leur travail commun en direction de tous les États intéressés, en vue de la mise en oeuvre continue de l'accord nucléaire».

Dans l'interview à la télévision allemande, M. Macron a souligné que la priorité était «que le régime iranien ne reprenne pas ses activités» et il s'est dit encouragé par les premières réactions en provenance de Téhéran.

«Ils ont temporisé (...) il n'y a pas d'escalade», a-t-il dit.

«Le plus important c'est maintenir la stabilité au Proche et Moyen-Orient», a insisté le chef de l'État français en Allemagne, en défendant l'accord de Vienne.

M. Macron a réfuté les critiques sur l'échec de sa récente visite à Washington, où il a tenté en vain de convaincre Donald Trump de ne pas quitter l'accord sur le nucléaire iranien.

«À Washington j'avais compris que le président Trump voulait sortir de l'accord, c'est pour cela que dès la conférence de presse commune j'avais proposé qu'on travaille sur une cadre plus large, nous y sommes», a-t-il dit.

Il est nécessaire désormais de «compléter» l'accord existant, a ajouté M. Macron, «sur le nucléaire après 2025, sur les activités balistiques de l'Iran dans la région et sur les activités régionales de l'Iran, en particulier en Irak, en Syrie, au Yémen et au Liban».

«La proposition que j'ai faite lorsque j'étais à Washington au président Trump, c'était «ne déchirez pas tout mais si vous avez des inquiétudes sur l'Iran, renforçons ce cap»», a expliqué le chef de l'État français.

«Il a décidé de créer une tension pour, je crois, aller, à un moment donné vers quelques chose de plus large», a-t-il ajouté.