La multiplication des incidents violents visant les centres d'inscription sur les listes électorales pour les législatives d'octobre inquiète les autorités afghanes qui lancent des appels à la population, y compris en larguant des tracts par avion.

En deux semaines, un peu plus de 650 000 électeurs sont venus s'inscrire, selon la Commission électorale indépendante (IEC).

À ce rythme, moins de trois millions des 14 à 16 millions de votants escomptés auront été enregistrés dans le délai imparti de deux mois.

Depuis l'ouverture le 14 avril des centres d'enregistrement, installés dans les écoles et les mosquées, les attaques sont quasi quotidiennes.

Dimanche, l'explosion d'un engin piégé près d'une mosquée de Jalalabad (est) ouverte aux inscriptions a fait cinq blessés, selon le porte-parole provincial, Ataullah Khogyani.

Le 22 avril, un kamikaze du groupe État islamique (EI) a fait près de 60 morts et 120 blessés dans une école à Kaboul.

«Nous sommes inquiets», a reconnu dimanche Shafi Jalali, directeur des relations publiques de l'IEC joint par l'AFP, en détaillant les actions de sensibilisation du public.

«Nous avons fait diffuser des tracts par avion, l'opération pratiquement terminée pour Kaboul va continuer dans les autres provinces», a-t-il précisé.

Le président a déjà octroyé un jour de congé aux fonctionnaires pour les encourager à s'inscrire.

Selon M. Jalali, les inscriptions initialement prévues pour deux mois pourraient se prolonger «de deux semaines à un mois», jusqu'à fin juin ou mi-juillet: «Les discussions sont en cours concernant le budget».

Mais ces mesures risquent d'être insuffisantes.

Depuis l'attentat de Kaboul, dans un quartier de la minorité chiite hazara régulièrement visée par l'EI, des parents retirent leurs enfants des écoles.

La directrice d'une école de 7000 élèves affirme que «des centaines d'élèves ne viennent plus et ce chiffre ne cesse d'augmenter: chaque jour des parents viennent demander la fermeture du centre d'inscription», ajoute-t-elle, avant de préciser qu'il lui est «interdit de parler aux médias».

«Ma mère s'inquiète, elle envoie quand même mes frères à l'école pour leur éducation. Mais plusieurs proches ont retiré leurs enfants», rapporte une jeune femme hazara de 19 ans à l'AFP.

Les élections du 20 octobre sont les premières depuis la présidentielle de 2014.

Si beaucoup d'Afghans souhaitent se débarrasser d'un Parlement (249 députés) jugé paresseux et corrompu dont le mandat a expiré depuis trois ans, ils redoutent plus encore de mourir pour avoir tenté de faire entendre leur voix.