Les deux émissaires pour le conflit israélo-palestinien du président américain Donald Trump, son gendre Jared Kushner et le juriste Jason Greenblatt, ont demandé cette semaine à l'ONU son «soutien» à un plan de paix qui pourrait être prochainement finalisé.

Cette demande, qui n'a été accompagnée d'aucune précision sur le contenu du plan ni sur une date de publication, a été formulée lors d'une réunion informelle surprise mardi à l'ONU entre ces deux responsables américains et les 15 pays membres du Conseil de sécurité, selon des diplomates.

À huis clos, elle a duré une heure pendant laquelle les deux émissaires américains se sont montrés «extrêmement aimables et chaleureux», selon une source diplomatique.

La réunion inédite est intervenue après une rare allocution devant cette enceinte du président palestinien Mahmoud Abbas. Ce dernier a réclamé une conférence internationale mi-2018, point de départ de la création d'un «mécanisme multilatéral» pour relancer la paix au Proche-Orient, tout en rejetant tout rôle de médiateur principal pour les États-Unis.

Mahmoud Abbas dénie désormais cette fonction à Washington et refuse tout contact direct avec l'administration républicaine de Donald Trump depuis la décision de ce dernier fin 2017 de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël. Pour les Palestiniens, cette action, largement dénoncée dans le monde, a discrédité les États-Unis.

Lors de sa venue express à l'ONU, Mahmoud Abbas a snobé les Américains, s'arrangeant pour ne pas les saluer et partant de l'enceinte du Conseil de sécurité juste après son discours sans attendre l'allocution de l'ambassadrice américaine Nikki Haley. «Nous n'allons pas vous courir après!», a lancé cette dernière, au rang de ministre, un brin énervée.

Selon un diplomate s'exprimant sous couvert d'anonymat, la réunion informelle organisée mardi se voulait «secrète». «C'était utile mais il y a eu peu d'éléments vraiment spécifiques ou nouveaux. Pas de précision sur le délai de présentation du plan américain», a raconté à l'AFP une autre source, également sous couvert d'anonymat.

Les deux responsables américains «ont réclamé le soutien des membres du Conseil de sécurité» à leur futur plan «lorsque le moment sera venu» de le rendre public, ont précisé également sous couvert d'anonymat plusieurs diplomates ayant assisté aux échanges.

«Bientôt prêt»

Les ambassadeurs n'ont «pas vraiment» donné de réponse aux deux émissaires américains. «Nous voulons aider», ont signalé plusieurs d'entre eux, selon une source diplomatique.

Au sein de l'administration américaine, Jared Kushner, Jason Greenblatt et David Melech Friedman, ambassadeur américain en Israël «ont pris le pouvoir sur ce dossier», analyse un diplomate.

Lors des échanges, les deux responsables américains venus à l'ONU «ont laissé entendre que leur plan sera bientôt prêt». Ils ont souligné qu'il devra être «validé par le président des États-Unis» avant d'être dévoilé, ajoute la même source.

Selon un responsable américain anonyme cité mercredi par le quotidien Washington Post, Jared Kushner et Jason Greenblatt ont assuré que l'approche américaine n'était pas «biaisée» au profit d'Israël. Ils ont précisé que leur «plan global» comporterait «des choses désagréables» à accepter pour les deux parties, palestinienne et israélienne, selon ce responsable.

Ils ont aussi expliqué aux ambassadeurs que leur volonté de ne garder que pour un très petit comité les éléments de leur projet, qui est sérieux - «13 mois de travail», ont-ils souligné -, avait pour objectif d'assurer sa réussite, ont indiqué des diplomates.

Les deux émissaires ont surtout indiqué «qu'ils avaient rencontré un grand nombre d'interlocuteurs mais segmenté strictement les choses pour éviter les fuites», précise l'un de ces diplomates.

Interrogées sur la conférence internationale réclamée par Mahmoud Abbas, certaines sources diplomatiques ont douté qu'elle intervienne avant la publication du plan américain.

«On va voir si les Palestiniens poussent vraiment pour cela». Tout le monde «va attendre de voir ce que les États-Unis vont proposer. La prochaine étape sera les propositions américaines», a estimé un diplomate.

Pour qu'une telle conférence se tienne, il faudrait qu'elle soit décidée par le Conseil de sécurité - où Washington a un droit de veto -, ou initiée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, voire par l'Assemblée générale des Nations unies.