La pression des affaires s'est sévèrement accentuée mardi sur le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avec la mise en cause d'anciens proches collaborateurs dans deux nouveaux dossiers de corruption présumée.

Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour M. Nétanyahou, personnalité incontournable au pouvoir depuis bientôt 12 ans au total, dont la police avait déjà recommandé l'inculpation dans deux affaires distinctes la semaine passée.

Mardi, la police a confirmé partiellement des informations de presse selon lesquelles deux ex-conseillers de la famille Nétanyahou, Nir Hefetz et Eli Kamir, avaient tenté en 2015 de suborner une juge en lui offrant le poste très haut placé de procureure générale.

En échange, la magistrate, Hila Gerstel, aurait dû s'engager à refermer l'enquête sur l'emploi suspect de fonds publics à la résidence du premier ministre, en particulier de la part de Sara Nétanyahou, l'épouse de Benyamin Nétanyahou, figure omniprésente et réputée influente.

Nir Hefetz, ancien porte-parole personnel des Nétanyahou, aurait transmis l'offre à la magistrate par l'intermédiaire d'Eli Kamir, arrêté mardi.

Sans corroborer les noms, la police a dit soupçonner deux hommes d'avoir «approché une dépositaire de l'autorité publique en lui proposant de l'aider à être promue procureure générale», en contrepartie de son intervention dans un «dossier pénal».

Hila Gerstel n'a pas obtenu la place de procureure.

Couverture favorable 

Une seconde affaire a connu un développement spectaculaire mardi, et pour laquelle M. Hefetz a été arrêté.

Les investigations portent sur le soupçon de faveurs accordées au patron du groupe de télécommunications Bezeq, en échange d'une couverture favorable de l'action du premier ministre par Walla, un des plus importants sites d'information du pays détenu par le dirigeant de Bezeq, selon la presse.

Les faveurs gouvernementales pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars au plus grand groupe de télécommunications d'Israël, selon la même source.

Dimanche, la police avait annoncé l'arrestation de sept personnes, tout en taisant leur identité, qu'elle a révélée mardi.

Parmi elles figurent, outre M. Hefetz, Shlomo Filber, nommé par M. Nétanyahou au poste de directeur général du ministère des Communications quand l'actuel premier ministre détenait ce portefeuille, de 2015 à 2017.

Shaul Elovitch, patron de Bezeq, a lui aussi été arrêté ainsi que son épouse, son fils et deux hauts responsables du groupe.

Les gardes à vue ont été prolongées jusqu'à mercredi ou jeudi selon les cas.

«Chasse aux sorcières»

Le nom de M. Nétanyahou n'est pas pour l'instant cité publiquement par la police en lien avec cette affaire. Mais, selon les médias israéliens, lui et sa femme Sara devraient être interrogés dans l'avenir.

Le premier ministre proclame son innocence sur tous les fronts.

Les investigations autour de Bezeq constituent «une nouvelle enquête vide de sens menée sous la pression des médias. La chasse aux sorcières médiatique continue à plein régime», a réagi M. Nétanyahou.

Quant à la présumée subornation de juge, «Hefetz n'a jamais fait une offre aussi absurde, et on ne lui a jamais demandé de le faire», a-t-il affirmé.

Ces nouvelles affaires éclatent une semaine après les conclusions de la police recommandant l'inculpation de M. Nétanyahou pour deux autres dossiers. Dans le premier, la police le soupçonne d'avoir tenté de conclure un accord secret avec le propriétaire du Yediot Aharonot pour une couverture favorable de son action de la part du plus grand quotidien israélien payant.

Dans le deuxième, elle suspecte le premier ministre et des membres de sa famille d'avoir reçu de la part de richissimes personnalités des cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux, en échange de faveurs financières ou personnelles.

Le procureur général Avichai Mandelblit doit prochainement se prononcer sur l'inculpation ou non de M. Nétanyahou dans ces deux affaires.

Devant les appels à la démission de l'opposition, M. Nétanyahou affirme sa ferme intention de rester au pouvoir.