L'Afghanistan a bénéficié dans le passé de l'aide internationale délivrée par nombre d'ONG, mais l'insécurité croissante les a contraintes à réduire leur présence, privant d'assistance les populations les plus vulnérables de ce pays ravagé par la guerre.

L'attaque commise mercredi contre Save the Children à Jalalabad (est), revendiquée par le groupe État islamique et qui a fait au moins trois morts, a conduit l'ONG britannique à suspendre toutes ses opérations dans le pays et à y fermer ses bureaux.

L'Afghanistan, qui a connu des décennies de guerre, est aussi régulièrement frappé par des catastrophes naturelles, et reste parmi les pays les plus mal classés selon l'indice de développement humain qui évalue notamment l'accès à la santé, à l'éducation et à un niveau de vie décent.

Le pays a connu en 2016 le deuxième plus grand nombre d'attaques contre des personnels humanitaires dans le monde.

Ces attaques ne sont pas toujours revendiquées. Les talibans, qui constituent le principal groupe islamiste en Afghanistan, affirment ne pas viser les humanitaires. Mais ils ont revendiqué des attentats contre des sites fréquentés plus largement par les étrangers.

Voici un état de la question.

Save the Children

L'ONG, qui intervient en Afghanistan depuis 1976, a annoncé suspendre ses opérations dans le pays après l'attaque de plusieurs hommes armés contre ses bureaux de Jalalabad, qui ont d'abord tiré sur la porte d'entrée au lance-roquette.

L'organisation britannique mène différents programmes d'aide dans le pays. En 2017, elle a apporté nourriture, soutien et protection à des centaines de milliers d'enfants, selon son site internet.

Save the Children n'a pas précisé pour combien de temps ses activités seraient suspendues.

Les Nations unies soulignent que les enfants constituent une part disproportionnée des victimes du conflit afghan, dans un pays qui a par ailleurs l'un des taux de mortalité infantile les plus élevés au monde.

Médecins Sans Frontières

Medecins Sans Frontières (MSF) a suspendu ses activités dans la province de Kunduz, dans le nord-est de l'Afghanistan, après qu'une frappe aérienne de l'OTAN, censée viser des talibans, y a frappé un hôpital en octobre 2015, faisant 42 morts dont 24 patients et 14 membres du personnel soignant.

La frappe aérienne contre cet hôpital a suscité l'indignation dans le monde, forçant le président américain de l'époque, Barack Obama, à présenter des excuses.

MSF a ouvert en juillet 2017 une petite clinique dans une autre zone du nord-est de l'Afghanistan, capable de ne soigner que des blessures mineures et des affections chroniques.

Croix-Rouge

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a suspendu ses opérations en Afghanistan après une attaque contre ses personnels humanitaires  en février 2017 dans la province de Jowzjan, dans le nord du pays.

Six employés du CICR ont été tués, la plupart par des tirs à bout portant, dans cette attaque qui est une des plus meurtrières à avoir été commises contre le Comité international de la Croix-Rouge. Deux autres employés ont été enlevés, et relâchés après sept mois de captivité.

L'attaque n'a pas été revendiquée, mais la police de Jowzjan l'a imputée aux jihadistes locaux du groupe État islamique. Les talibans ont nié toute responsabilité.

Autres organisations

Le manque de personnel, combiné avec les risques accrus, a contraint de nombreuses organisations à réduire leur présence, notamment le Programme alimentaire mondial (PAM), qui s'est retiré de la province du Badakhshan, dans le nord-est du pays, après une attaque qui a visé cinq de ses camions en 2015.

Les personnels humanitaires étrangers sont souvent contraints de rester confinés dans les villes, organisant l'aide par téléphone ou par des rencontres avec les personnels locaux dans des lieux sûrs.

Des responsables occidentaux avaient précédemment indiqué à l'AFP que les personnels étrangers n'acceptaient plus de missions en Afghanistan qu'avec des contrats plus courts et des garanties de sécurité.

Mais des attaques comme celle commise mercredi contre Save the Children rendent ces garanties de plus en plus illusoires.