La Turquie a fait savoir jeudi qu'elle n'était «pas satisfaite» par les déclarations du Pentagone assurant Ankara que les États-Unis ne cherchaient pas à constituer une armée kurde dans le nord de la Syrie.

«Sommes-nous entièrement satisfaits par ces (déclarations) ? Non, nous ne sommes pas satisfaits (...) Nous avons besoin de voir des mesures concrètes», a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d'un entretien à la chaîne de télévision CNN-Türk.

La Turquie critique vivement le projet annoncé dimanche par la coalition internationale anti-djihadistes emmenée par les États-Unis de création d'une force frontalière forte de 30 000 hommes dans le nord de la Syrie, avec notamment des combattants des milices kurdes syriennes YPG considérés par Ankara comme «terroristes».

Dans un apparent geste d'apaisement envers la Turquie, le Pentagone a assuré que les États-Unis n'avaient pas l'intention de créer une «nouvelle armée».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé cette semaine que son pays avait l'intention de «tuer dans l'oeuf» cette nouvelle force, assurant qu'une opération militaire serait bientôt lancée à Afrine, zone contrôlée par les YPG dans le nord de la Syrie.

M. Cavusoglu a affirmé toutefois la nécessité de se «coordonner» avec la Russie, dont des militaires sont déployés comme «observateurs» à Afrine, afin d'«éviter tout accident».

«Il ne faut pas qu'elle (la Russie) s'oppose à une opération à Afrine», a déclaré M. Cavusoglu.

Dans ce contexte, le chef de l'état-major turc Hulusi Akar et le patron des services de renseignement turc Hakan Fidan se sont rendus jeudi à Moscou où ils doivent évoquer avec le chef de l'armée russe la situation en Syrie, a indiqué l'armée turque.

Ces développements surviennent alors que la situation à la frontière turco-syrienne est de plus en plus volatile: l'armée turque y a déployé cette semaine plusieurs chars et pièces d'artillerie.

L'armée turque a effectué jeudi matin des tirs de mortier sur des positions kurdes pour répliquer à des tirs en provenance de l'autre côté de la frontière, selon l'agence de presse étatique Anadolu.