Le ministre iranien des Affaires étrangères a dénoncé samedi comme une nouvelle «gaffe» la décision de l'administration du président américain Donald Trump de porter la question des récentes protestations en Iran devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

«Le Conseil de sécurité a rejeté la tentative flagrante des États-Unis de le détourner de son mandat», a écrit Mohammad Javad Zarif dans un tweet.

«La majorité du Conseil a souligné la nécessité d'appliquer complètement l'accord nucléaire (conclu entre l'Iran et les grandes puissances en 2015) et de s'abstenir de s'ingérer dans les affaires intérieures des autres pays. Une autre gaffe de politique étrangère de l'administration Trump», ajoute-t-il.

Les États-Unis ont poussé pour organiser vendredi une réunion du Conseil de sécurité au sujet des protestations qui ont touché des villes iraniennes pendant environ une semaine et ont fait 21 morts et de nombreuses interpellations.

Mais cette réunion controversée a été l'occasion de profondes divisions entre Moscou et Washington et a provoqué des dissensions entre les 15 membres du Conseil de sécurité.

«Le régime iranien bafoue les droits de son peuple», a estimé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, dénonçant les dépenses d'armement de ce pays faites aux dépens, selon elle, du bien-être de sa population.

«C'est à l'Iran de régler ses propres problèmes», a asséné l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia, en accusant Washington de «gaspiller l'énergie du Conseil». Le diplomate russe a évoqué des «prétextes fantaisistes» pour la tenue de cette réunion et une «ingérence dans les affaires intérieures iraniennes».

La Russie a été soutenue au Conseil de sécurité par notamment la Bolivie, l'Éthiopie ou la Guinée équatoriale. «La situation iranienne ne menace pas la stabilité régionale», a abondé l'ambassadeur adjoint chinois à l'ONU, Wu Haiteo.

Parmi les autres membres permanents, le Royaume-Uni a jugé tout à fait légitime une réunion du Conseil de sécurité sur l'Iran, mais la France s'est montrée beaucoup plus prudente.

90 étudiants arrêtés

Cette semaine, le président français Emmanuel Macron avait plaidé la modération et mis en garde contre un risque de «guerre» si les discours belliqueux venus des États-Unis, d'Israël ou d'Arabie saoudite se poursuivaient.

Cette approche mesurée a été partagée par la Suède et le Pérou, membres du Conseil.

Les autorités iraniennes ont affirmé que les protestations avaient pris fin. De nombreuses manifestations de soutien au pouvoir ont été organisées ces derniers jours à travers le pays.

Samedi encore, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes, notamment à Amol (nord), Semnan (nord) et Chadegan (sud-ouest).

Selon le député réformateur Mahmoud Sadeghi, quelque «90 étudiants ont été arrêtés à travers le pays, dont 58 à Téhéran» depuis le début le 28 décembre des protestations.

«Un certain nombre d'étudiants ont été libérés. Nous suivons la situation des autres étudiants. S'ils n'ont pas commis de délits, ils seront libérés», a affirmé dans un tweet, Mansour Gholami, le ministre des Sciences, responsable des universités, sans donner de chiffre précis.

Enfin le porte-parole de la police, Saïd Montazer al-Mehdi, a affirmé que «la plupart des personnes arrêtées, ayant été dupées, seront libérées par étapes et sous caution», a rapporté l'agence officielle Irna.

En revanche, «les principaux responsables des troubles sont entre les mains de la justice et emprisonnés. Les individus qui ont insulté le drapeau de la République islamique (en le brûlant, NDLR) ont été identifiés et arrêtés», a-t-il ajouté.

Entre-temps, les restrictions sur le réseau social Instagram ont été levées, mais elles sont toujours en vigueur en ce qui concerne l'accès à la messagerie cryptée Telegram sur les téléphones portables.