La décision du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade des États-Unis pourrait affecter le processus de paix au Proche-Orient, a estimé dimanche le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.

Un avis qui tranche avec celui de Nikki Haley, ambassadrice américaine auprès de l'ONU, qui avait estimé, quelques heures plus, tôt que cette décision allait «aider le processus de paix» israélo-palestinien.

Des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau descendus dans la rue dimanche au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde pour protester contre la décision de M. Trump, annoncée mercredi. Elle a également suscité la désapprobation de nombreux dirigeants politiques, en particulier en Europe.

M. Guterres, interrogé sur la chaine CNN, s'est montré ravi que le conseiller et gendre du milliardaire, Jared Kushner, ait rencontré des Israéliens et des Palestiniens au sujet d'un nouveau projet pour obtenir la paix après plusieurs années d'impasse.

«Je ne dis pas que cela va se produire mais il y a un espoir qu'il soit finalement possible de mettre un terme à ce terrible conflit entre Israël et les Palestiniens», a relevé le responsable onusien.

Mais «je pense que la décision prise mercredi risque de compromettre cet effort», a-t-il relevé.

De son côté, Mme Haley a défendu --également sur CNN-- la position présidentielle, affirmant que M. Trump avait «accompli la volonté du peuple» américain.

Elle a fait référence à une loi adoptée par le Congrès en 1995 dont l'application a systématiquement été repoussée par les présidents successifs. Ce texte appelle à déménager l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, «capitale de l'État d'Israël».

«Je pense fermement que cela va faire avancer les choses pour le processus de paix», a-t-elle affirmé, sans étayer cette affirmation malgré les questions insistantes du journaliste.

«En ce qui concerne les mécontents, nous savions que cela allait se produire. Mais le courage en est l'origine. Lorsque vous prenez une décision, vous voyez certains la considérer négativement et certains la considérer positivement», a défendu Mme Haley.

Après 22 ans de reports, le président a considéré qu'il était temps «désormais d'essayer de faire avancer les choses».

«Maintenant, ils (Israéliens et Palestiniens, NDLR) peuvent se réunir pour décider ce que seront les frontières, c'est à eux de décider les limites et il leur appartient de discuter de ce qu'ils veulent que Jérusalem devienne», a poursuivi l'ambassadrice onusienne.

«Nous n'avons pas parlé des limites ni des frontières pour une raison. C'est parce que peu importe ce qu'est Jérusalem-Est, ou une quelconque autre région, c'est entre les Palestiniens et les Israéliens» que la discussion doit avoir lieu, a-t-elle commenté.

Quant au transfert de l'ambassade, elle a martelé sur CBS qu'il s'agissait simplement «de faire ce que nous faisons dans quasiment tous les autres pays, mettre l'ambassade dans la capitale et Jérusalem est l'endroit où se trouvent le Premier ministre, le président, le Parlement, la Cour suprême. Cela a du sens que notre ambassade soit là».

Et «c'est la bonne chose à faire parce que c'est tout simplement la réalité. Jérusalem est la capitale d'Israël», a-t-elle relevé. «Je pense que lorsqu'on admet la vérité, alors les deux parties acceptent la réalité et la paix arrive».

Selon elle, «maintenant que (le sujet de la capitale) est réglé, disons aux deux parties de se réunir: +à vous de décider comment vous voulez la répartir»».