Les responsables de trois agences de l'ONU ont affirmé jeudi que «des milliers de victimes innocentes» allaient «mourir» au Yémen si le blocus imposé par la coalition menée par l'Arabie Saoudite se poursuivait dans une guerre qualifiée de «stupide» par Antonio Guterres.

À New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a dit que ce dernier était «très déçu» de ne pas voir une levée du blocus réclamée depuis plus d'une semaine par le Conseil de sécurité. «C'est une crise créée par l'homme», a-t-il ajouté, racontant qu'Antonio Guterres avait qualifié le conflit au Yémen de «guerre stupide».

Dans une lettre à l'ambassadeur saoudien à l'ONU, Abdallah al-Mouallimi, Antonio Guterres réclame à nouveau un accès humanitaire pour les avions de l'ONU à Sanaa et Aden et aux ports de Hodeida et de Saleef. Il propose aussi d'envoyer une équipe en Arabie saoudite pour étudier un renforcement des inspections des cargaisons mais seulement une fois que l'aide humanitaire pourra reprendre.

Riyad n'accepte une levée du blocus qu'à condition d'avoir discuté avant d'un renforcement des contrôles, arguant de la nécessité de lutter contre les trafics d'armes à destination des rebelles yéménites.

«Des milliers de victimes innocentes, et parmi elles de nombreux enfants, vont mourir» si elles ne peuvent avoir accès à une aide humanitaire, écrivent les responsables de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l'UNICEF et du Programme alimentaire mondial (PAM) dans un communiqué commun reçu à Genève.

«Ensemble, nous lançons un nouvel appel urgent à la coalition à permettre l'entrée de fournitures de premier secours au Yémen en réponse à ce qui est aujourd'hui la pire crise humanitaire dans le monde», écrivent Tedros Adhanom Ghebreyesus (OMS), Anthony Lake (UNICEF) et David Beasley (PAM), ajoutant : «les fournitures, qui comprennent des médicaments, des vaccins et de la nourriture, sont essentielles pour contrer la maladie et la famine».

«Plus de 20 millions de personnes, dont plus de 11 millions d'enfants, ont un besoin urgent d'assistance humanitaire», poursuivent les agences qui soulignent qu'un danger de «malnutrition sévère aigüe» menace de mort «près de 400 000 enfants».

Les trois agences déplorent «les conséquences humanitaires du blocus» : 120 cas de diphtérie ont notamment été diagnostiqués, occasionnant «14 décès - principalement des enfants au cours des dernières semaines» alors que des vaccins et des médicaments sont bloqués aux frontières du Yémen.

Certes, l'épidémie de choléra est en déclin mais «si l'embargo n'est pas levé, le choléra reprendra», avertissent-elles.

Mardi, l'ONU avait appelé l'Arabie saoudite à lever le blocus au Yémen sans attendre un renforcement des contrôles des cargaisons humanitaires.

Ce blocus décidé par la coalition en guerre au Yémen depuis 2015 pour soutenir le gouvernement réfugié à Aden contre les rebelles chiites houthis, qui contrôlent Sanaa et le nord, avec le soutien présumé de l'Iran, est survenu début novembre après un tir de missile en provenance du Yémen et intercepté près de Riyad.