Des dizaines de milliers de Palestiniens se sont rassemblés samedi à Gaza pour commémorer le 13e anniversaire de la mort de l'ancien dirigeant historique Yasser Arafat, signe d'amélioration des relations entre factions rivales palestiniennes.

Il s'agit de la première commémoration officielle de la mort d'Arafat dans l'enclave palestinienne depuis 2007, année où le mouvement islamiste Hamas avait évincé par la force de la bande de Gaza le Fatah au prix d'une quasi-guerre civile.

Les deux factions politiques étaient depuis en conflit, mais un accord de réconciliation a été signé le mois dernier.

Yasser Arafat, décédé en France en 2004, était le fondateur du Fatah qu'il dirigea jusqu'à sa mort. Il fut un des artisans, aux côtés de l'ex-président israélien Shimon Peres et de l'ex-premier ministre Yitzhak Rabin, des accords d'Oslo qui prévoyaient à terme la création d'un État palestinien. Les trois hommes avaient obtenu le prix Nobel de la paix en 1994.

Des dizaines de milliers de personnes venues de toute la bande de Gaza ont envahi la place Saraya dans la ville de Gaza dès les premières heures de la journée.

Plus de 100 000 personnes ont participé à l'événement selon les organisateurs.

Les participants brandissaient des drapeaux palestiniens, des pancartes appelant à l'unité ainsi que des photos d'Arafat et de l'actuel président palestinien et dirigeant du Fatah, Mahmoud Abbas.

Dans un discours pré-enregistré et diffusé sur des écrans géants, Mahmoud Abbas, qui ne s'est pas rendu à Gaza depuis 2007, a rendu hommage à son prédécesseur.

«Notre peuple palestinien, qui t'a toujours aimé comme un grand dirigeant, a toujours cet amour, ce respect et cette loyauté», a-t-il dit.

Il a ajouté que les Palestiniens tentaient de sceller leur réconciliation et d'accomplir le rêve d'Arafat «pour la liberté, la souveraineté et l'indépendance sur notre terre nationale palestinienne».

Il a assuré que les Palestiniens étaient «unis» et «refusaient les divisions».

Les participants au rassemblement ont également mis en avant la nécessité de l'unité palestinienne.

«Aujourd'hui est un jour pour la loyauté, l'unité et la réconciliation. Nous disons au président et au gouvernement que vos fils au Fatah attendent votre soutien à Gaza», a déclaré Shoukri Antar, 20 ans, appelant Mahmoud Abbas à se rendre dans l'enclave.

Rania Barbekh, 50 ans, portant un drapeau du Fatah et une photo de M. Abbas, explique qu'elle est sur la place depuis 7 heures du matin, accompagnée de son fils.

«Nous sommes tous avec Abou Ammar», dit-elle, en utilisant le surnom d'Arafat. «Nous voulons que grâce à ce festival, le Fatah et le Hamas s'unissent contre l'ennemi» israélien, ajoute l'habitante de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza.

La dernière commémoration de la mort d'Arafat à Gaza, fin 2007, s'était produite peu de temps après la prise de contrôle du Hamas. Elle avait été le théâtre de violents affrontements entre membres du Fatah et du Hamas.

Depuis, l'Autorité palestinienne dominée par le Fatah continuait de diriger le gouvernement en Cisjordanie, mais n'avait plus de poids à Gaza.

Les deux partis ont signé le mois dernier un accord de réconciliation négocié par l'Égypte, en vertu duquel le Hamas devrait céder le pouvoir civil à Gaza avant le 1er décembre.

Le sort de sa branche armée reste incertain.

Tawfiq Abou Naim, directeur général des forces de sécurité intérieures du Hamas à Gaza, a déclaré qu'il avait donné l'ordre à ses forces de protéger et de soutenir ce qu'il a appelé un «festival de l'unité».

Le Fatah a lui invité toutes les factions à assister au rassemblement de samedi.

Jeudi, plusieurs milliers de Palestiniens avaient participé à une commémoration de moindre importance, également à Gaza, organisée par le Fatah.