L'armée canadienne a décidé de suspendre temporairement son soutien aux forces irakiennes et kurdes en raison d'un conflit entre les deux groupes.

Depuis trois ans, les forces spéciales canadiennes fournissent formation, conseils et assistance aux soldats irakiens et aux peshmerga kurdes dans le cadre de la lutte contre Daech (le groupe armé État islamique).

Autrefois alliés, les deux groupes se sont toutefois retournés l'un contre l'autre, il y a plus d'une semaine, après que les Kurdes eurent tenu un référendum controversé sur leur indépendance et que Bagdad eut réagi en prenant le contrôle du territoire revendiqué.

Selon les représentants des Forces armées canadiennes, les militaires canadiens continueront à soutenir la coalition dirigée par les États-Unis dans sa lutte contre Daech en offrant de l'aide sur le plan des soins médicaux, du renseignement et du transport.

Le Canada dispose d'environ 50 intervenants médicaux et d'un détachement d'hélicoptères tactiques dans le nord de l'Irak ainsi que d'une douzaine de spécialistes des services de renseignement, d'un avion de surveillance, d'un avion de transport et d'un avion ravitailleur au Koweït.

Toutefois, les quelque 200 soldats des forces spéciales canadiennes présents en Irak ont reçu l'ordre de demeurer à l'écart et de ne pas offrir de formation ou d'assistance aux Irakiens ou aux Kurdes jusqu'à ce que le conflit soit résolu.

Le gouvernement de Justin Trudeau a refusé de prendre parti dans la dispute opposant Bagdad et les Kurdes, et a plutôt exhorté les deux camps à amorcer des pourparlers.

«Lorsque la situation sera plus claire concernant les interactions des forces de sécurité irakiennes de même que les objectifs et les tâches prioritaires, les forces spéciales pourront reprendre leurs activités», a déclaré le porte-parole des Forces canadiennes, le colonel Jay Janzen. La mission devrait se prolonger jusqu'en 2019.

Si la décision de suspendre la mission canadienne peut sembler surprenante, le déclenchement d'un nouveau conflit entre Kurdes et Irakiens était attendu depuis un bon moment.

Plus tôt cette semaine, une représentante du Kurdistan irakien avait accusé le Canada et ses alliés de ne pas avoir essayé de résoudre les divisions qui déchirent le pays depuis longtemps et qui ont mené à la création de Daech.

L'ambassadrice kurde à Washington, Bayan Sami Abdul Rahman,  a dit croire qu'il était temps que la communauté internationale s'intéresse aux problèmes internes en Irak et pas seulement à Daech.

«Nous sommes très concentrés sur Daech. Ç'a été notre mantra au cours des dernières années, a-t-elle expliqué à La Presse canadienne alors qu'elle était de passage à Ottawa cette semaine. Mais continuer à nous concentrer sur Daech, c'est manquer ce qui se passe véritablement en Irak.»

Cette obsession par rapport à Daech a été mise en lumière le 16 octobre dernier lorsque le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, a réagi à la première explosion de violence entre Irakiens et Kurdes en les sommant de terminer le travail contre Daech plutôt que de s'affronter.

Mme Rahman a demandé au Canada de faire tout en son pouvoir pour amener les deux parties à faire la paix.