Trois Arabes israéliens ont tué vendredi par balles deux policiers israéliens dans la vieille ville de Jérusalem, avant d'être abattus sur l'esplanade des Mosquées, un des incidents les plus graves dans ce secteur au coeur du conflit israélo-palestinien.

Quelques heures après l'attaque, la police israélienne a arrêté le mufti de Jérusalem, Mohammed Hussein, alors qu'il était réuni avec d'autres Palestiniens dans la vieille ville pour dénoncer la fermeture de l'esplanade des Mosquées, selon ses proches.

Cette esplanade, troisième lieu saint de l'islam, a été fermée après l'attaque anti-israélienne par la police qui a également annulé les prières du vendredi sur ce site ultra-sensible situé à Jérusalem-Est annexée et occupée par Israël.

Des centaines de musulmans ont prié sur les trottoirs à l'extérieur des différentes portes de la vieille ville, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Le premier ministre israélien Benyamin Néthanyahou a annoncé dans un communiqué que l'esplanade des Mosquées resterait fermée jusqu'à dimanche.

«C'est à en fonction d'une estimation qui sera faite dimanche sur la situation de la sécurité sur le Mont du Temple (l'esplanade des Mosquées) que le site sera rouvert de façon graduelle pour les fidèles et les visiteurs», a ajouté le premier ministre.

Pour tenter d'éviter une escalade, Benyamin Néthanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas ont eu une conversation téléphonique, un entretien rare depuis la suspension des négociations de paix en 2014.

M. Abbas a exprimé «son rejet de tout acte de violence d'où qu'il vienne» alors que M. Néthanyahou «a appelé au calme».

Il s'agit de la première attaque à l'arme à feu commise depuis des années dans la Vieille ville soulignent les commentateurs, alors que depuis octobre 2015, Israël et les territoires palestiniens ont surtout été marqués par des attaques à l'arme blanche perpétrées en majorité par des Palestiniens agissant seuls.

Deux policiers grièvement blessés dans l'attaque ont succombé plus tard alors qu'un troisième policier a été légèrement blessé, selon la police.

Les policiers tués sont membres de la minorité arabe druze d'Israël, très présente dans la police et l'armée.

Tirs nourris

Selon la police et le Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, les trois assaillants sont des Arabes israéliens, originaires de la ville de Oum el-Fahm (nord). Ils ont été identifiés comme Mohamed Jabarine (29 ans), Abdel Latif Jabarine (19 ans), Mfadal Jabarine (29 ans).

Vers 07h00 locales (minuit, heure de l'Est), ils ont ouvert le feu sur des policiers près d'une porte de la Vieille ville avant de s'enfuir vers l'esplanade des Mosquées où ils ont été abattus par les forces de l'ordre, selon la police.

Sur les images d'une vidéo tournée sur l'esplanade et diffusée dans les médias israéliens et palestiniens, un échange de tirs nourris est audible.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948. Ils ont la nationalité israélienne et représentent 17,5% de la population de l'État hébreu.

L'esplanade est révérée par les juifs comme le mont du Temple.

Prières annulées

Selon les médias israéliens, c'est la première fois depuis 2000, au moment de l'explosion de la deuxième intifada, le soulèvement palestinien, que les prières du vendredi sont annulées.

«Il n'y a pas de raison de fermer la mosquée pour la prière du vendredi», avait proclamé à la presse le mufti avant d'être arrêté.

«Une unité spéciale de la police a arrêté le cheikh» près l'esplanade des Mosquées», a dit Khaled Hamo, un de ses gardes du corps.

«Nous ne savons rien sur mon père qui a été amené à un poste de police» à Jérusalem-Est annexée et occupée, a affirmé» dit son fils, Jihad Hussein.

Les autorités palestiniennes à Ramallah, en Cisjordanie occupée, ont condamné la fermeture de l'esplanade des Mosquées et la Jordanie, gardienne des lieux saints de Jérusalem a appelé à une «réouverture immédiate» du site pour permettre aux fidèles de prier.

Le porte-parole du mouvement islamiste Hamas, Sami Abou Zohri, a estimé que l'attaque était «une réponse naturelle au terrorisme sioniste et à la profanation de la mosquée Al-Aqsa».

«Le statu quo sera préservé», a assuré Benyamin Néthanyahou, pour tenter de rassurer les Palestiniens.

Selon un statu quo en vigueur depuis des décennies, les juifs sont autorisés à visiter l'esplanade mais pas à y prier.

Par ailleurs, un Palestinien de 18 ans a été tué vendredi par balles lors de heurts avec des soldats israéliens près de Bethléem en Cisjordanie occupée, selon le ministère palestinien de la Santé.

Depuis octobre 2015, Israël et les Territoires palestiniens sont en proie à des violences qui ont causé la mort de 281 Palestiniens, 44 Israéliens, deux Américains, deux Jordaniens, un Érythréen, un Soudanais et une Britannique, selon un décompte de l'AFP.