Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a rencontré mercredi à Jeddah en Arabie saoudite ses homologues du quartet anti-Qatar, poursuivant une difficile médiation dans cette crise diplomatique inédite dans le Golfe.

M. Tillerson s'était déjà rendu à Doha et à Koweït, principal médiateur dans la dispute qui oppose l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte au Qatar à propos de son soutien présumé à des groupes extrémistes et de ses liens avec l'Iran.

La veille à Doha, Qatar et États-Unis avaient annoncé la signature d'un accord sur la «lutte contre le financement du terrorisme», une tentative de répondre aux accusations des adversaires de Doha.

Mais cet accord a aussitôt été jugé «insuffisant» par le quartet arabe anti-Qatar, qui voit également d'un mauvais oeil les liens de Doha avec Téhéran, principal rival régional de Ryad.

Conscient de la difficulté de la tâche, M. Tillerson a été reçu par le roi Salmane d'Arabie saoudite peu après son arrivée en fin de matinée à Jeddah, sur la mer Rouge.

Il a également rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane et les deux parties ont souligné à l'occasion la solidité des liens entre Ryad et Washington.

M. Tillerson a ensuite eu une réunion avec les ministres des Affaires étrangères saoudien, émirati, bahreïni et égyptien, avant de reprendre la route pour le Koweït.

Cette réunion n'a pas été suivie de déclaration ou de conférence de presse.

Riyad, Abou Dhabi, Manama et le Caire ont rompu le 5 juin avec Doha à qui ils imposent également des sanctions économiques, dont la fermeture de son unique frontière terrestre, avec l'Arabie saoudite.

«Éradiquer le terrorisme»

Pour revenir sur leurs sanctions, les quatre pays ont exigé le 22 juin la satisfaction de 13 demandes, dont la fermeture de la chaîne de télévision Al Jazeera et d'une base turque, ainsi qu'une révision des liens avec l'Iran.

Le ministre d'État aux Affaires étrangères des Émirats, Anwar Gargash s'est livré à une violente attaque contre cette chaîne, l'accusant d'antisémitisme et de promouvoir la haine et la violence.

Dans une lettre publiée mercredi, il répond ainsi au Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad Al Hussein, qui s'était inquiété fin juin des appels à la fermeture d'Al Jazeera, y voyant une atteinte à la liberté de la presse.

Doha a rejeté en bloc les demandes des pays adversaire, estimant qu'elles violaient sa souveraineté.

M. Tillerson espérait capitaliser sur l'accord de Doha pour progresser dans sa mission. Cet accord repose sur la décision d'«éradiquer le terrorisme de la terre» prise par le sommet ayant réuni fin mai à Ryad une cinquantaine de dirigeants musulmans autour du président américain Donald Trump, a-t-il dit mardi.

Mais les quatre adversaires restent intransigeants. «Une solution temporaire n'est pas une sage» initiative, a commenté d'autre part M. Gargash.

Le Qatar toujours défiant

Pour sa part, le Qatar maintient une position de défi.

Il a commencé à importer 4000 vaches - destinées à produire du lait - par voie aérienne pour atténuer les effets de l'embargo imposé par ses voisins.

Son ministère de la Défense a annoncé mardi soir sur Twitter l'arrivée d'un cinquième contingent de l'armée turque au Qatar, où Ankara dispose d'une base militaire dont la fermeture est exigée par les adversaires de Doha.

Emboîtant le pas à ses homologues allemand, britannique et américain, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian est attendu samedi et dimanche au Qatar, en Arabie saoudite, au Koweït et aux Émirats pour plaider pour un «apaisement rapide» dans la crise du Golfe.

L'Iran a de nouveau critiqué mercredi les sanctions économiques imposées au Qatar par Ryad et ses alliés. Depuis leur mise en place, Téhéran a aidé Doha en augmentant ses exportations de produits alimentaires vers l'émirat.

«L'utilisation de la menace, des pressions et le blocus contre les voisins, notamment le Qatar, est une méthode erronée et tout le monde doit essayer de réduire ces tensions dans la région», a affirmé le président iranien Hassan Rouhani en recevant le chef de la diplomatie d'Oman, Youssef ben Alaoui ben Abdallah.

Fidèle à sa tradition, Oman est resté neutre dans le conflit qui oppose ses voisins arabes.