Plusieurs pays du Golfe ont fait, sous la pression internationale, quelques gestes pour tenir compte des conséquences humanitaires de l'embargo régional contre le Qatar, mais aucune solution n'apparaît encore à l'horizon pour résoudre la crise.

Un haut responsable qatari a de nouveau balayé d'un revers de main les accusations de «soutien au terrorisme» lancées par plusieurs pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite, pour justifier leur rupture des relations diplomatiques avec le petit émirat.

Il a dénoncé une «politique de domination», jugeant que les mesures prises contre Doha ne serviraient à rien.

Lorsque la crise a éclaté le 5 juin, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont donné 14 jours aux Qataris pour quitter leurs territoires.

Or, ces pays ont légèrement assoupli leur position dimanche, ordonnant que soient pris en compte des «cas de familles mixtes», susceptibles d'être séparées en raison de la crise.

Washington et Amnesty International avaient mis en garde séparément contre les conséquences humanitaires de la crise sur des milliers de personnes.

Le Qatar a déclaré de son côté que les détenteurs de passeports des trois pays - ils seraient 11 000 selon des chiffres officiels de Doha - pouvaient rester dans le pays.

Doha «ne prendra pas de mesures contre des résidents du Qatar qui possèdent la nationalité des pays ayant rompu les relations ou réduit leurs relations diplomatiques avec l'État du Qatar sur fond de campagnes hostiles et tendancieuses», a-t-il indiqué.

«Business as usual»

Un conseiller spécial du ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a affirmé que «le Qatar n'a jamais soutenu le terrorisme, (...) ne soutient pas le terrorisme et (...) ne soutiendra pas le terrorisme».

«Je pense qu'il s'agit d'une campagne orchestrée contre mon pays (...) pour qu'il change sa politique étrangère (...) indépendante», a encore dit le conseiller.

Selon lui, «cette politique de domination (...) ne fonctionnera pas».

Malgré la pression extrême qui pèse sur lui, le Qatar veut donner l'impression qu'il peut tenir longtemps.

Le géant énergétique Qatar Petroleum (QP) a indiqué avoir «mobilisé toutes les ressources disponibles» pour assurer les livraisons à ses clients en dépit de la crise. «Business as usual», a affirmé QP.

C'est le gaz qui a permis à l'émirat de s'enrichir et d'affirmer des ambitions régionales et internationales depuis une vingtaine d'années.

Les adversaires de Doha dans le Golfe, mais aussi l'Égypte, ont non seulement rompu leurs relations, mais ils ont aussi fermé leurs frontières aériennes, maritimes et terrestres, et pris des mesures contre des médias du Qatar, dont la chaîne Al Jazeera.

Ils lui ont aussi reprocher de se rapprocher de l'Iran, grand rival du royaume saoudien.

Face au blocus imposé au Qatar, qui importe une grande partie de ses produits de consommation, l'Iran a envoyé cinq avions chargés chacun de 90 tonnes de légumes.

Aide iranienne 

Par ailleurs, 350 tonnes de fruits et légumes ont également été chargées sur trois petits bateaux», selon un responsable portuaire iranien.

Dans le même temps, plusieurs pays s'activaient pour tenter d'apporter leur aide en vue de résoudre la crise.

Le Koweït, pays du Golfe qui n'a pas rompu ses relations avec le Qatar, ne ménage notamment pas ses efforts.

Dimanche, son ministre des Affaires étrangères a affirmé que le Qatar était prêt à «adhérer aux efforts» pour renforcer la sécurité au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Dimanche également, l'agence officielle saoudienne SPA a rapporté que le secrétaire d'État américain Rex Tillerson avait appelé le puissant vice-prince héritier Mohammed ben Salmane, fils du roi et ministre de la Défense.

Depuis le début de la crise, les États-Unis, qui dispose d'une base militaire cruciale au Qatar dans la lutte contre le groupe État islamique, ont soufflé le chaud et le froid mais, dans sa dernière déclaration vendredi, le président Donald Trump a exhorté Doha à arrêter «immédiatement» de financer «le terrorisme».

Dimanche, le Maroc, s'est dit également «disposé à offrir ses bons offices» pour aider à un règlement.

Et dans une lettre au roi d'Arabie saoudite, le président guinéen Alpha Condé, qui exerce la présidence exécutive de l'Union africaine, a lui aussi affirmé son «entière disponibilité» pour une médiation en vue (...) d'une «solution pacifique et rapide à cette crise inopportune».