Aucune solution politique au conflit syrien n'est envisageable sans le retour des États-Unis à la table des négociations qu'ils ont délaissée depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, a estimé le négociateur en chef de l'opposition syrienne.

Lors d'une interview lundi soir avec l'AFP, 

«Il ne peut pas y avoir de solution politique véritable et viable sans la présence des Américains sur la scène internationale» car toute solution ne pourra être mise en oeuvre qu'avec les États-Unis, qui «ont une influence sur le Conseil de Sécurité», a-t-il dit.

La nouvelle administration du président Donald Trump a «un devoir moral d'intervenir efficacement» dans le règlement du conflit, a-t-il ajouté.

Depuis le début du conflit syrien en mars 2011, les États-Unis ont toujours soutenu les groupes d'opposition qui luttent contre le régime du président syrien Bachar al-Assad et réclament son départ. Mais depuis l'arrivée au pouvoir de la nouvelle administration, Washington a donné l'impression de se retirer du jeu diplomatique au Proche-Orient et d'abandonner l'opposition syrienne.

Profitant de la situation, la Russie, qui a réussi grâce à son intervention militaire en septembre 2015 à inverser le rapport de force en faveur du régime de Damas, s'est rapidement imposée comme un partenaire incontournable pour tenter de trouver une solution au conflit.

Parallèlement aux négociations de Genève, dont le 5e round a débuté jeudi, Moscou a organisé depuis janvier plusieurs rencontres entre le gouvernement de Damas et l'opposition à Astana (Kazakhstan), sous l'égide de l'Iran, autre soutien de Damas, et de la Turquie, proche de l'opposition, mais sans la présence des États-Unis.

Pas «un partenaire sérieux»

Moscou a d'ailleurs dépêché à Genève son vice-ministre des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, qui a rencontré mardi matin la délégation officielle syrienne et devait s'entretenir mercredi avec le HCN.

M. Sabra a accusé la Russie de «contrôler le régime et une large partie de ses décisions» et affirmé qu'il n'y aura pas de solution politique «si les Russes ne retirent pas leur soutien (militaire) au régime».

Évoquant les pourparlers indirects organisés par l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, M. Sabra a accusé la délégation de Damas de ne pas être «un partenaire sérieux». Le même reproche est fait par Damas à la délégation du HCN.

«Jusqu'à présent, nous discutons avec l'équipe de l'ONU», a-t-il dit, ajoutant que «le régime ne s'est toujours pas impliqué dans le processus politique».

Quatre grands sujets de discussion sont à l'agenda de ce 5e round: la gouvernance (terme flou pour évoquer une transition politique), une nouvelle Constitution, la tenue d'élections et la lutte contre le terrorisme.

L'opposition a choisi de discuter en priorité de la transition politique -- et du départ de Bachar al-Assad - alors que le régime veut discuter de la lutte contre le terrorisme.

«Une fois que le gouvernement de transition aura été formé, tous les organes d'autorité seront dissous», a dit M. Sabra, ajoutant que l'opposition exigeait que «Assad et sa clique soient traduits en justice».

Relevant que les discussions ont progressé avec M. De Mistura, il a toutefois souligné que «la transition politique n'est pas entre nous et les Nations unies».

«Notre objectif est (de négocier) avec la partie qui détient de facto l'autorité à Damas», a-t-il insisté.