Le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a prévenu dimanche que l'aviation israélienne détruira les systèmes syriens de défense aérienne si de nouveaux missiles sont tirés contre des avions israéliens en opération en Syrie.

Vendredi, Israël et la Syrie, voisins et techniquement toujours en état de guerre depuis des décennies, ont connu leur plus sérieux accrochage depuis le début il y a six ans du conflit en Syrie.

L'armée de l'air israélienne a ciblé en Syrie un convoi d'armes, présenté comme destiné au Hezbollah libanais qui combat aux côtés du régime de Bachar al-Assad. Ce raid a provoqué une riposte anti-aérienne de l'armée syrienne et un des missiles tirés en direction du territoire israélien a été intercepté. L'armée syrienne a affirmé avoir abattu un avion israélien et en avoir atteint un deuxième, ce qu'Israël a réfuté.

Il est exceptionnel qu'Israël confirme sur le coup de tels raids, même si le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait admis il y a un an qu'Israël avait attaqué des dizaines de convois d'armes destinés au Hezbollah.

Dimanche, le ministre de la Défense, l'ultranationaliste Lieberman, a réitéré les mises en garde.

«La prochaine fois que les Syriens utiliseront leurs systèmes de défense aérienne contre nos avions, nous les détruirons sans la moindre hésitation», a-t-il averti sur la radio publique. «À chaque fois que nous repèrerons des transferts d'armes de Syrie vers le Liban, nous agirons pour les empêcher. Sur ce sujet, il n'y aura aucun compromis.»

L'État hébreu répète régulièrement ne pas vouloir prendre parti dans la guerre civile qui ravage la Syrie, mais les relations entre les deux voisins sont d'autant plus tendues que le régime syrien est soutenu dans sa bataille contre les rebelles par le Hezbollah libanais et l'Iran, deux grands ennemis d'Israël. Damas est également soutenu par la Russie, avec laquelle Israël a négocié à plusieurs reprises pour éviter des affrontements entre avions russes et israéliens dans l'espace aérien syrien.

«Les Syriens doivent comprendre qu'ils sont tenus pour responsables de ces transferts d'armes au Hezbollah et que tant qu'ils continueront à les permettre, nous ferons ce que nous devons faire», a souligné M. Lieberman. «Je répète que nous ne voulons pas nous mêler de la guerre civile en Syrie ni provoquer une confrontation avec les Russes, mais la sécurité d'Israël prime sur tout».

La riposte syrienne pourrait refléter une attitude plus agressive du régime Assad --conforté par ses victoires face aux rebelles et le soutien continu de la Russie-- face aux raids régulièrement menés par Israël, estiment des experts israéliens.

Israël a confirmé ses raids à cette occasion en raison des circonstances de l'incident, notamment du tir de missile syrien, a expliqué le ministre du Renseignement, Israël Katz, à l'AFP.

Selon lui, le président syrien «essaie de changer les règles. Nous n'accepterons pas de changer les règles», a prévenu le ministre israélien. Il a réaffirmé ce qu'Israël considère comme des «lignes rouges»: empêcher le transfert d'armements sophistiqués au Hezbollah et l'ouverture d'un front de guerre près du territoire israélien.

M. Netanyahu avait rencontré le président russe Vladimir Poutine à plusieurs reprises ces derniers mois afin de créer un mécanisme pour éviter des affrontements entre avions israéliens et russes dans l'espace aérien syrien.

Mais M. Katz a assuré que la Russie n'est généralement pas prévenue par avance d'une attaque israélienne.

«Personne ne sait par avance ce que nous faisons», a-t-il dit. «Nous sommes un pays souverain qui agit pour protéger nos intérêts en matière de sécurité.»

Photo Ariel Schalit, AP

Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman.