Des colons juifs ont rendu hommage à un soldat israélien accusé d'avoir abattu un assaillant palestinien blessé gisant au sol, lors du défilé costumé de la fête juive de Pourim à Hébron en Cisjordanie occupée.

Ce défilé part tous les ans du même endroit dans la ville où se trouve le Tombeau des Patriarches, lieu saint pour les juifs et les musulmans.

Mais cette année, le lieu a pris un sens tout particulier: c'est à cet endroit même qu'il y a un an le soldat franco-israélien Elor Azaria a été filmé en train de tirer sur Abdel Fattah al-Cherif, accusé par les autorités israéliennes d'avoir tenté auparavant de poignarder un soldat, provoquant un vif débat en Israël.

Un avocat connu pour ses sympathies d'extrême-droite Itamar Ben Gvir a endossé un uniforme militaire avec la photo du soldat Azaria bien en évidence collée sur la poitrine. Près de lui, un autre activiste ultra-nationaliste Benzi Gopstein s'était déguisé en Donald Trump, le président américain, avec une perruque orange sur la tête.

Selon Me Ben Gvir, le soldat Azaria, condamné pour homicide en première instance à 18 mois de prison aurait été traité en héros, si l'incident sanglant avait eu lieu sous la présidence de Donald Trump.

«Ce n'est pas possible qu'un soldat tue un terroriste, qu'il soit jugé et arrêté c'est une honte», proclame cet avocat quadragénaire.

A l'aide de haut-parleurs, des remerciements ont été lancés au soldat sous les vivats de certains dans la foule, ont constaté des journalistes de l'AFP.

De nombreux policiers et soldats israéliens encadraient le défilé de plusieurs centaines de personnes dans Hébron, foyer de tension où 500 colons israéliens vivent retranchés au milieu des 200 000 habitants palestiniens.

«Je pense que c'est tout à fait normal que des gens pensent qu'(Elor Azaria) nous a sauvé face à un terroriste qui avait essayé de nous tuer», explique à l'AFP Tzipi Schlissel, 51 ans, qui vit dans une des maisons de colons installées au coeur de Hébron.

Un Palestinien qui travaille dans un magasin de souvenirs situé près du parcours de la parade est consterné.

«Ce n'est pas bien que les colons soutiennent ce soldat qui a commis de telles choses», explique Saddam Ali Jabari, âgé de 18 ans.

En dépit de ces évocations du soldat Azaria, le défilé comprenait beaucoup d'adultes et d'enfants déguisés en divers personnages de dessins animés et en clowns plus festif que politique.

Le soldat a fait appel de sa condamnation pour obtenir son acquittement.

De nombreux politiciens, dont le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, ont appelé à gracier le soldat Azaria, tandis que l'état-major plaide pour une condamnation exemplaire. Les Palestiniens, eux, dénoncent une «exécution».

La fête de Pourim célèbre, selon la tradition juive, la victoire des juifs contre un vizir de l'empire perse, Haman, au Ve siècle avant J-C. La tradition est de se déguiser et de s'offrir des cadeaux.

AFP

Elor Azaria