Un attentat-suicide a de nouveau visé des fonctionnaires afghans mardi à Kaboul faisant au moins 20 morts parmi les employés et les visiteurs de la Cour suprême, fauchés à l'heure de sortie des bureaux.

Selon un bilan provisoire du ministère de la Santé, 41 personnes ont été blessées dont au moins un enfant, «mais ce bilan pourrait s'aggraver», a estimé un porte-parole.

«Le kamikaze s'est avancé à pied et a déclenché sa charge sur le stationnement» dans l'enceinte de la Cour suprême, à l'heure où les employés allaient embarquer à bord des bus qui les raccompagnent, a rapporté à l'AFP un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Najibullah Danish.

Mais selon un responsable de la Cour joint à l'intérieur, l'attentat s'est produit près du guichet où le public vient récupérer les passeports, ce qui expliquerait que les victimes se comptent aussi parmi les visiteurs.

«Nous étions une dizaine à attendre nos passeports, six d'entre nous ont été blessés mais nous sommes tous vivants», a raconté Mohammad Ayob à l'AFP.

D'autres ont eu moins de chance comme le confie Nazar Mohammad Niazi à l'AFP: «C'était l'heure de rentrer à la maison. J'ai vu une petite fille projetée juste devant moi par le souffle de l'explosion, elle est morte».

La déflagration, assourdissante, a été entendue alentour, suscitant des scènes de panique aux abords de l'enceinte, dont les accès ont été aussitôt barrés par les forces de police.

«J'étais dedans avec mon père pour une démarche. Nous nous dirigions vers le stationnement quand on a entendu une très forte explosion, quand j'ai regardé mon père, il gisait en deux morceaux... comment vais-je faire sans lui», pleure un homme, le visage défait, les mains en sang, dont le témoignage a été diffusé en direct par la chaîne de télévision locale Tolo News.

Un autre a fait état de «projections de chair et de sang sur les murs, (les corps) de deux femmes et un enfant qui étaient à côté de moi. C'était horrible».

L'attentat est survenu peu avant 16 h locales (7 h 30 au Québec) dans l'enceinte de la Cour, située non loin de l'Ambassade des États-Unis dans la capitale afghane.

Il n'avait pas été revendiqué en fin de journée.

Déjà en 2013

La route conduisant au bâtiment a été aussitôt barrée par les forces de police. Plusieurs ambulances et véhicules de pompiers ont été également déployés sur place, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le dernier attentat d'ampleur à Kaboul, le 10 janvier, avait visé une annexe du Parlement également à l'heure de sortie des bureaux, faisant 38 morts et quelque 80 blessés.

La Cour Suprême à Kaboul avait par ailleurs été déjà visée une première fois en juin 2013 par un attentat qui avait fait 15 morts et une quarantaine de blessés: la bombe de forte puissance avait explosé à la même heure, 16 h, dans l'entrée du bâtiment.

Les talibans avaient alors revendiqué l'opération et menacé d'autres attentats à venir si la Cour continuait de condamner à mort leurs combattants.

Le président afghan Ashfrad Ghani a condamné «l'attaque barbare», évoquant «un crime contre l'humanité et un acte impardonnable».

En 2016, l'ONU a enregistré le pire bilan pour les civils en Afghanistan depuis qu'elle a commencé de les comptabiliser en 2009, soit 11 500 morts et blessés.

Parmi eux, près de 2000 personnes ont été affectées par des attentats indiscriminés contre la population, dont 398 ont été tuées. Ce qui constitue là encore un record depuis 2009, en augmentation de 7% comparé à 2015.

Pour la Mission des Nations unies d'assistance à l'Afghanistan (Manua) les mouvements insurgés, dont les talibans et le groupe Etat islamique, sont responsables de plus de 60% des victimes - ce que les Talibans contestent.