Des dizaines de policiers israéliens se sont déployés mardi autour de la colonie emblématique d'Amona, en Cisjordanie occupée, à l'approche de la date butoir fixée pour sa démolition, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les médias et les réseaux sociaux israéliens ont publié les photos d'un avis d'évacuation que l'armée aurait délivré mardi aux habitants et qui leur donnerait 48 heures pour quitter les lieux.

«Quarante huit-heures après la publication de cet ordre, toute personne qui se trouve dans ce secteur doit en sortir», dit le document en qualifiant les habitations de «bâtiments non-autorisés».

Aucun des habitants d'Amona interrogés par l'AFP n'a confirmé l'échéance de 48 heures. La Cour suprême israélienne a donné à l'État israélien jusqu'au 8 février pour en finir avec la colonie, où vivent entre 200 et 300 personnes.

Les policiers israéliens ont établi des barrages au pied de la colline sur laquelle se trouve l'implantation, ne laissant passer que les habitants et les journalistes.

L'objectif apparent était d'empêcher la convergence des colons alentour dont la présence compliquerait l'éventuelle intervention des forces de l'ordre, si les habitants refusaient de partir d'eux-mêmes.

Sur place, les habitants ne donnaient aucun signe de préparer leurs bagages, mais au contraire prenaient des dispositions pour loger des jeunes qui avaient gravi la colline à pied et sac au dos, contournant les barrages policiers.

Amona est une colonie dite sauvage, c'est-à-dire illégale au regard du droit israélien à la différence de nombreuses autres. La communauté internationale considère toutes les colonies comme illégales et y voit, pour une grande partie d'entre elles, un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens.

La Cour suprême a ordonné la destruction d'Amona parce qu'elle a été construite sur des terres privées palestiniennes.

Amona est devenue une colonie emblématique et est pour beaucoup dans une proposition de loi actuellement à l'examen en Israël. Le texte permettrait de déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens auraient construit sans autorisation, soit parce qu'ils ignoraient qu'ils étaient propriétés privées, soit parce que l'État aurait laissé faire. Les propriétaires palestiniens seraient compensés.

Les détracteurs du texte le dénoncent comme un pas de plus vers l'annexion au moins partielle de la Cisjordanie, réclamée ouvertement par une partie de la droite.

Plus de 400 000 Israéliens sont installés en Cisjordanie parmi 2,6 millions de Palestiniens.

Construction de 3000 maisons

Israël a également annoncé, mardi, la construction de 3000 nouvelles maisons dans les colonies juives de Cisjordanie, poursuivant l'accélération des constructions constatée depuis l'entrée en fonction du nouveau président américain Donald Trump.

Cette annonce survient alors qu'Israël se prépare à démanteler des installations illégales en Cisjordanie. La mesure semble ainsi vouée à calmer le mécontentement suscité par l'évacuation de la colonie d'Amona, décrétée par un tribunal.

Le ministère israélien de la Défense a fait savoir par communiqué que les plus récentes constructions ont été approuvées par son ministre, Avigdor Lieberman, ainsi que par le premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Ce nouveau développement survient quelques jours après que le gouvernement eut annoncé la construction de 2500 maisons additionnelles en Cisjordanie et de centaines d'autres à Jérusalem-Est. Les Palestiniens revendiquent ces deux  territoires - occupés par Israël depuis la guerre de 1967 - en vue de la constitution d'un futur État palestinien.

- Avec l'Associated Press