Les États-Unis ont confirmé jeudi que leurs forces en Afghanistan avaient causé la mort de 33 civils afghans lors de frappes aériennes «en état de légitime défense» face aux talibans, en novembre 2016 près de Kunduz.

«L'enquête a montré, de façon regrettable, que 33 civils avaient été tués et 27 autres blessés», ont reconnu les forces américaines stationnées en Afghanistan dans un communiqué. «Pour se défendre et défendre les forces afghanes, les forces américaines ont riposté en état de légitime défense par des tirs contre les talibans qui utilisaient des habitations civiles comme postes de tir».

Le 3 novembre, les troupes américaines et afghanes avaient demandé des renforts aériens alors qu'ils affrontaient des forces des talibans cachées chez des civils dans un village.

Des civils - hommes, femmes et enfants - étaient «vraisemblablement à l'intérieur des immeubles depuis lesquels les talibans tiraient», selon un rapport américain. Deux soldats américains et trois soldats afghans étaient également morts lors des échanges de tirs.

La mort des civils avait fait scandale, les familles des victimes avaient défilé en montrant les corps mutilés des enfants empilés dans des camions à travers les rues de Kunduz.

«Au-delà des circonstances, je regrette profondément la perte de vies innocentes», a déclaré le général John Nicholson, commandant des forces américaines en Afghanistan.

Ces raids meurtriers étaient intervenus quatorze mois après le bombardement américain de l'hôpital de Kunduz géré par Médecins sans Frontières, qui avait fait 42 morts parmi le personnel et les patients dans la nuit de 2 au 3 octobre 2015.

Cette nouvelle bavure avait provoqué la colère des habitants et déclenché des manifestations dans la ville, régulièrement la cible d'offensives des talibans.

Selon la police locale, plusieurs enfants dont un nourrisson de trois mois figuraient parmi les morts.

Face à l'indignation soulevée par cette nouvelle bavure, l'armée américaine avait admis avoir «très probablement tué» ces villageois et annoncé une enquête en coopération avec les forces afghanes.

L'ONU avait également annoncé une enquête indépendante dont les conclusions devraient être présentées d'ici la fin du mois.

La question des victimes civiles, après quinze ans de campagne de l'OTAN contre les insurgés afghans, vaut aux troupes occidentales de fortes critiques du gouvernement et de l'opinion publique.

Ce raid avait été conduit à la suite de combats dans lesquels deux soldats américains et trois membres des forces spéciales afghanes avaient été tués.

Depuis 2001, les forces américaines ont perdu plus de 2200 hommes en Afghanistan et englouti des centaines de milliards de dollars pour relancer les forces de sécurité locales.

Cependant, le général Nicholson a reconnu en décembre que l'armée afghane avait perdu du terrain et ne contrôlait désormais plus que 64% du territoire, contre 72% en 2015. Ce qui a conduit le président Obama à maintenir 8400 soldats sur place au lieu des 1000 initialement prévus.