Des employées du Parlement israélien sont allées en grand nombre travailler en jupe par défi mercredi, après l'interdiction d'entrée signifiée à certaines d'entre elles pour atteinte au code vestimentaire de l'institution.

Le Parlement israélien (Knesset) est en proie à une querelle s'amplifiant depuis dimanche. Ce jour-là, une assistante de la députée d'opposition de gauche Merav Michaeli a été refoulée à l'entrée du Parlement à cause de la longueur de sa jupe, qu'elle portait au-dessus du genou.

Une autre employée aurait ensuite connu le même sort, ce qui a provoqué la consternation et les protestations d'une partie du personnel féminin s'interrogeant sur les raisons de cette soudaine rigueur vestimentaire.

Ce personnel était appelé mercredi à aller travailler en robe ou en jupe. Dix à quinze femmes se sont vu refuser l'accès au Parlement par les agents de sécurité qui surveillent très étroitement l'entrée du complexe, ont rapporté des membres du personnel parlementaire.

Certaines d'entre elles ont toutefois été autorisées à rentrer ultérieurement.

Certaines femmes ayant pu entrer sont ressorties pour manifester leur solidarité avec celles qui avaient été bloquées. Une cinquantaine de femmes, venues pour beaucoup en robe ou en jupe au-dessus du genou malgré la pluie et le vent, se sont ainsi retrouvées dans le hall, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Peur des jambes »

« Tout cela est étrange : nous portons les vêtements que nous avons mis des dizaines de fois. Certaines d'entre nous travaillent à la Knesset depuis trois ou quatre ans et nous n'avons jamais eu ce genre de problème », a dit à l'AFP Naama Shahar, porte-parole de la députée Merav Michaeli. « Personne ne nous a expliqué ce changement de règles, c'est inacceptable ».

« Une vigile femme m'a regardée de la tête au pied et m'a dit que cela n'allait pas », a raconté Kesem Rozenblat, attachée parlementaire du député Ilan Gilon (opposition de gauche). « Ils ont peut-être peur des jambes des femmes ».

« On n'est pas en Iran », s'est exclamé à ses côtés le député Gilon.

Le parlementaire Manuel Trajtenberg (opposition de gauche), dont la collaboratrice avait été refoulée, s'est présenté à l'entrée du Parlement en maillot de corps et en criant « Bientôt, on va tous devoir porter la burka », ont rapporté les médias.

La direction de la Knesset a dénoncé cette protestation. « Il s'agit avant tout d'une provocation organisée (...) Les vigiles, hommes et femmes, du Parlement font leur travail pour faire respecter un code vestimentaire en vigueur depuis des années », a-t-elle dit dans un communiqué.

Selon les médias, le code vestimentaire interdit le port du tee-shirt, du short, de la robe ou de la jupe courte, et des sandales.

Cependant, comme l'a dit une autre employée parlementaire, Shira Amiel, personne ne précise ce qui est trop court.

La députée Michaeli a dénoncé une « tentative d'imposer des normes fondamentalistes ». Elle faisait référence aux règles vestimentaires observées par les femmes juives religieuses, qui se couvrent les jambes, les bras, tout en revêtant un foulard sur la tête ou une perruque.

Les Juifs ultra-orthodoxes, qui appliquent rigoureusement les règles du judaïsme, représentent environ 10 % de la population.

La question vestimentaire a déjà provoqué des remous à la Knesset. En 2007, le port de jeans avait été interdit, mais, deux ans plus tard, le président du Parlement Reuven Rivlin avait abrogé cette mesure.

La Knesset est « une institution laïque et non religieuse » et le code vestimentaire « est discriminatoire, humiliant et honteux envers les femmes », dit Moria Silfon, une aide-parlementaire.