Un audit israélien de la guerre dans la bande de Gaza en 2014 accuse le premier ministre Benyamin Nétanyahou d'avoir insuffisamment préparé son pays à la menace des tunnels creusés depuis l'enclave palestinienne, rapportaient vendredi les médias locaux.

Selon eux, le contrôleur de l'État Yossef Shapira a remis jeudi à plusieurs ministres et responsables militaires la version finale d'un rapport diligenté peu après la guerre de juillet-août 2014 dans ce territoire palestinien gouverné par le mouvement islamiste Hamas, grand ennemi d'Israël.

Ce rapport reproche notamment à M. Nétanyahou, pourtant alerté par les services de renseignement, de n'avoir informé que tardivement et partiellement du danger des tunnels les membres du cabinet resserré chargé des affaires de sécurité, disent les médias, citant des sources anonymes ayant consulté ce document, qui n'a pas été rendu public.

La bande de Gaza est hermétiquement close sur ses frontières avec Israël par une barrière de sécurité hautement surveillée.

Les tunnels percés sous cette barrière avaient été pendant la guerre l'une des armes les plus efficaces des combattants palestiniens.

Faire cesser les tirs de roquette de la bande de Gaza sur Israël et détruire les tunnels ont été les deux grands objectifs proclamés par Israël lors de l'opération « Bordure protectrice », troisième guerre dans la bande de Gaza en six ans.

L'armée israélienne dit avoir détruit plus de 30 tunnels en 2014. Le Hamas affirme continuer à en creuser.

Par rapport à ses versions provisoires, le rapport final de Yossef Shapira accentuerait les critiques contre M. Nétanyahou et son ministre de la Défense de l'époque Moshé Yaalon et serait moins dur contre les généraux de l'armée israélienne.

Une source proche du premier ministre a rejeté le reproche selon lequel il avait manqué d'informer le cabinet. La menace a été « exposée avec tout le sérieux requis lors de 13 réunions différentes », a-t-elle dit.

Selon cette source, M. Nétanyahou l'a décrite comme l'une des quatre menaces stratégiques pesant sur Israël, avec le nucléaire iranien, les missiles et la guerre électronique.

Cette source n'a rien dit sur le reproche d'impréparation tactique.

La guerre de 2014 entre Israël et le Hamas et ses alliés palestiniens a tué 2251 personnes côté palestinien, dont 551 enfants, et 73 personnes, dont 67 soldats, côté israélien, selon l'ONU.

Le rapport Shapira pourrait avoir des implications politiques. L'un des poids lourds du gouvernement et rival de M. Nétanyahou, le nationaliste religieux Naftali Bennett, est en effet l'un de ceux à avoir critiqué le plus durement le premier ministre pour sa conduite de la guerre.