La coalition arabe intervenant au Yémen a reconnu samedi avoir tué par erreur il y a une semaine dans un raid aérien 140 personnes qui assistaient à une cérémonie funéraire dans la capitale Sanaa, un carnage qui avait déclenché un tollé international.

Une centaine de personnes grièvement blessées lors de cette bavure ont été transportées par avion samedi à Oman pour y être soignées. Se trouvaient également à bord deux Américains, qui étaient retenus au Yémen, et dont l'agence omanaise a annoncé samedi soir la libération.

La coalition arabe menée par l'Arabie saoudite mène depuis mars 2015 une guerre contre les rebelles chiites Houthis qui contrôlent Sanaa et plusieurs autres régions du Yémen. Riyad, qui soutient le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, a déjà été accusé dans le passé d'avoir bombardé des objectifs civils.

Les frappes aériennes du 8 octobre avaient ciblé une salle où était organisée une cérémonie funéraire pour le père d'un haut responsable rebelle. Elles ont fait au moins 140 morts et 525 blessés selon l'ONU.

Après avoir nié son implication, la coalition arabe avait décidé de lancer une enquête puis a affirmé samedi avoir commis une erreur.

«En raison du non-respect des règles d'engagement et des procédures de la coalition ainsi que d'une information erronée, un avion de la coalition a visé de manière erronée cet endroit entraînant la mort et les blessures de civils», a souligné l'équipe chargée de l'enquête.

Deux Américains libérés

Selon elle, les raids ont été lancés sur la base d'informations faisant état de la présence à la cérémonie d'un «grand nombre de responsables militaires des Houthis».

Le commandement de la coalition, qui a regretté la bavure, a annoncé samedi soir avoir «accepté les recommandations» des enquêteurs prévoyant des sanctions contre les responsables, les dédommagements des victimes et le réexamen des «règles d'engagement» des opérations militaires au Yémen.

Les frappes du 8 octobre avaient conduit les États-Unis, allié de l'Arabie saoudite, à annoncer un réexamen de leur soutien à la coalition arabe au Yémen, où la guerre a fait plus de 6800 morts depuis mars 2015, presque pour moitié des civils, selon l'ONU.

Human Rights Watch avait estimé pour sa part que ces frappes s'apparentaient à un «crime de guerre».

Alors que le Yémen fait l'objet d'un blocus aérien, naval et terrestre imposé par la coalition, le roi Salmane d'Arabie saoudite avait autorisé mardi l'évacuation des blessés graves parmi les victimes du bombardement.

Cette évacuation a été effectuée samedi soir vers Oman, le seul pays arabe du Golfe à ne pas participer à la coalition arabe et qui garde de bons contacts avec les rebelles ainsi qu'avec les autorités du président Hadi.

Un responsable des rebelles, Mohsen al-Dhaheri, a fait état de «plus de 111 blessés» à bord d'un avion à destination du sultanat.

Ont également été embarqués à bord deux Américains qui étaient «retenus» au Yémen et ont été libérés à la suite d'une médiation omanaise, selon l'agence officielle du sultanat Ona.

Manoeuvres diplomatiques

Citant un porte-parole du ministère omanais des Affaires étrangères, l'agence n'a pas précisé l'identité des deux Américains, ni les raisons ou la durée de leur rétention. Selon elle, ils doivent être rapatriés.

La médiation omanaise a été entreprise pour «aider le gouvernement américain à obtenir la libération d'un certain nombre d'Américains retenus au Yémen», a déclaré le porte-parole, sans plus de détails.

Washington s'est félicité de la libération des Américains et a remercié Oman pour son aide.

«Nous reconnaissons le geste humanitaire des Houthis pour leur libération de ces citoyens américains», a indiqué Mark Toner, porte-parole du Département d'État, ajoutant que son pays appelait à la «libération immédiate» de tout autre Américain qui serait détenu au Yémen.

La situation au Yémen avait connu une escalade ces derniers jours avec des tirs contre des navires américains en provenance de territoires contrôlés par les rebelles puis une riposte de Washington.

Le Royaume-Uni a indiqué vendredi qu'il allait présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU réclamant un cessez-le-feu immédiat au Yémen et à une reprise du processus politique.

Plusieurs semaines de négociations de paix s'étaient achevées début août à Koweït sans succès.

L'initiative britannique a suivi un blocage par la Russie --opposée à la coalition arabe-- d'une déclaration condamnant l'attaque du 8 octobre.