Les forces israéliennes sont en état d'alerte à l'approche des grandes fêtes juives à partir de mardi, après un attentat meurtrier à Jérusalem qui ravive les craintes d'une nouvelle éruption de violences.

« Nous savons que nous sommes dans une période où ceux qui soufflent sur les braises du terrorisme et encouragent à la violence essaient de provoquer la confrontation. Tous les citoyens doivent être vigilants, à commencer par les forces de sécurité », a prévenu lundi le premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Jérusalem a été le théâtre dimanche d'un nouvel attentat au cours duquel Misbah Abou Sbeih, un Palestinien âgé de 39 ans et apparemment armé d'un fusil de guerre M16, a tué une retraitée israélienne de 60 ans et un policier de 29 ans avant d'être abattu.

La police a annoncé le déploiement d'unités supplémentaires à Jérusalem et en Israël, particulièrement dans la Vieille ville de Jérusalem et près du mur des Lamentations, en prévision des fêtes juives.

Plus de 3000 policiers devraient monter la garde à Jérusalem pendant les fêtes, a dit la police.

Répression

Depuis dimanche, la police a arrêté des dizaines de personnes à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël : parmi elles, des membres de la famille de l'auteur de l'attentat, des Palestiniens qui entendaient célébrer son geste, et d'autres accusés de jets de pierres et de bouteilles incendiaires sur les forces israéliennes lors de heurts consécutifs à l'attaque.

Seize autres Palestiniens ont été arrêtés dans la nuit en Cisjordanie, territoire palestinien contigu à Jérusalem et occupé par Israël, a indiqué l'armée. L'armée dit avoir aussi démantelé un atelier de fabrication d'armes.

Les forces israéliennes ont pris les mesures de la maison de Misbah Abou Sbeih en vue de sa démolition punitive, a dit l'armée. Un soldat a été légèrement blessé par l'explosion d'un engin artisanal lors de heurts au cours de l'opération, selon elle.

Israël redoute un nouvel accès de violences palestiniennes avec les fêtes de Yom Kippour (Grand Pardon, de mardi soir à mercredi soir) et de Souccot (fête des Cabanes ou des Tabernacles à partir de dimanche soir et pour une semaine). Ces fêtes juives avaient été en 2015 une période de vives tensions, prélude à une vague de violences toujours en cours.

Les juifs vont alors prier par dizaines de milliers au mur des Lamentations dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, au pied de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme le mont du Temple.

L'afflux de fidèles juifs renforce chez les Palestiniens le soupçon que les Israéliens, qui contrôlent tous les accès à l'esplanade, ne finissent par diviser le lieu saint et n'autorisent les juifs à y prier. Le gouvernement israélien se défend de vouloir modifier le statu quo.

Le profil du tueur

Le profil du tueur renforce la crainte israélienne que d'autres Palestiniens ne suivent son exemple.

Misbah Abou Sbeih était connu comme un militant actif de la « défense » de l'esplanade. Il était considéré comme appartenant aux « mourabitoune », mouvement informel de musulmans se proposant de la protéger et qu'Israël a interdit en 2015 parce qu'il excitait selon lui à la haine.

Le Palestinien proclamait sur les réseaux sociaux son amour pour l'esplanade, réputée pour être un baril de poudre.

Les forces israéliennes préviennent depuis des mois que les attaques isolées sont difficiles à parer. La dernière en date les confronte cependant à une série d'interrogations : comment Misbah Abou Sbeih s'est-il procuré un M16, apparemment de l'armée israélienne ? Comment a-t-il échappé aux radars de services réputés à l'étranger pour leur efficacité ? Était-il bien un individu isolé ?

Avant de passer à l'acte, Misbah Abou Sbeih avait raconté dans les médias palestiniens qu'il avait été condamné par la justice israélienne à quatre mois de détention pour avoir agressé un policier en 2013 et qu'il comptait se rendre à la prison dimanche. Il a précisé avoir déjà passé un an en prison en 2015 pour ses prises de position au sujet de l'esplanade, être interdit d'accès au lieu saint pendant six mois et avoir été arrêté à cinq reprises au cours des deux semaines écoulées.