Les forces antiaériennes iraniennes ont menacé samedi d'abattre des avions américains de surveillance maritime qui patrouillaient au-dessus du Golfe Persique, a annoncé mardi Washington en dénonçant une «tendance inquiétante» d'incidents de ce type provoqués par Téhéran près du détroit d'Ormuz.

Le département d'État a même reconnu à demi-mot que l'accord historique sur le nucléaire iranien en vigueur depuis janvier a pu renforcer un courant belliqueux de la politique étrangère et militaire de la République islamique, à l'opposé de ce qui était escompté par la diplomatie américaine.

D'après le Pentagone, l'Iran a multiplié ces dernières semaines les gestes d'intimidation contre des bateaux ou aéronefs militaires américains dans le Golfe.

Dans le dernier cas d'espèce, les menaces ont visé deux avions de surveillance maritime en missions séparées dans la même région au-dessus du Golfe, en zone internationale, a indiqué le porte-parole du commandement de la marine américaine au Moyen-Orient, Bill Urban.

Les pilotes ont reçu des messages radio des forces antiaériennes iraniennes «qui menaçaient de les abattre ou de tirer des missiles» sur eux.

Les équipages ont fait fi de ces avertissements et ont poursuivi leur mission, a confirmé la marine américaine, après les premières révélations de l'incident par la télévision Fox News.

Il s'agissait d'un comportement «non-professionnel» des Iraniens et les avions étaient trop loin pour être réellement la cible de missiles à portée trop limitée, selon la marine.

Plusieurs incidents impliquant des bateaux américains et des vedettes des Gardiens de la révolution iraniens se sont produits récemment, l'un d'eux donnant même lieu le 24 août à des tirs de semonce d'un contre-torpilleur américain.

Interrogé sur cette succession d'incidents, le porte-parole du département d'État Mark Toner s'est alarmé d'«une tendance inquiétante» et a dénoncé la «mauvaise conduite» de l'Iran.

Le général Joe Votel, le commandant des forces américaines au Moyen-Orient, avait jugé fin août que Téhéran voulait «continuer à faire des choses qui attisent l'instabilité» dans la région, malgré l'accord avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien.

«Nous n'avons jamais dit que ceci (l'accord nucléaire) allait régler toutes les fautes de conduite de l'Iran et de fait (...) nous n'avons pas vu de changement significatif», a reconnu M. Toner.

En outre, le diplomate n'a «pas exclu» que cet accord sur le nucléaire ait même renforcé la ligne dure au sein du régime iranien, poussant Téhéran à des comportements agressifs dans le Golfe.

«L'Iran, comme beaucoup de pays, a un processus politique intérieur fondé sur différentes dynamiques que je ne peux pas évaluer dans un sens ou dans un autre», a commenté Mark Toner.

L'objectif principal affiché de l'accord sur le nucléaire est d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, mais les États-Unis espèrent aussi que Téhéran revienne progressivement dans le concert des nations, notamment pour tenter de stabiliser les conflits au Moyen-Orient.