Les États-Unis et la Russie ont fait état vendredi à Genève de progrès pour parvenir à un cessez-le-feu en Syrie, mais les modalités d'un accord pour tenter de mettre fin au conflit qui ravage le pays depuis cinq ans doivent encore être définies.

«Nous sommes parvenus à clarifier la voie menant» à une cessation des combats, a affirmé le secrétaire d'État américain John Kerry dans la soirée à la presse, à l'issue d'une réunion marathon d'une douzaine d'heures avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Le chef de la diplomatie russe a de son côté fait état de «pas très importants en avant». Il reste toutefois «encore quelques points, parmi lesquels l'accès humanitaire aux civils en danger en Syrie, notamment dans la région d'Alep».

Quelque 1,5 million de personnes sont prises au piège des rebelles et des forces gouvernementales syriennes depuis la mi-juillet dans cette ville du nord de la Syrie.

MM. Kerry et Lavrov ont ajouté que des experts des deux pays allaient continuer de travailler à Genève dans les jours à venir pour régler les points non résolus.

La «grande majorité» des obstacles techniques pour un cessez-le-feu font l'objet d'un accord mais les deux pays ne sont pas prêts pour «une annonce définitive qui serait menacée d'échec», comme pour la trêve annoncé en début d'année, a assuré M. Kerry. «Nous ne voulons pas d'un accord pour simplement dire que nous avons un accord», a-t-il ajouté.

Les chefs de la diplomatie américaine et russe avaient entamé leurs entretiens dans la matinée dans un grand hôtel sur les bords du lac Léman, suscitant des espoirs de relance des pourparlers de paix en Syrie.

Changer la trajectoire du conflit

«Si nous sommes en mesure de mettre en place un accord à long terme sur un cessez-le-feu, nous serons capables de provoquer un changement radical concernant la trajectoire du conflit», a espéré M. Lavrov.

«Nous avons convenu de domaines spécifiques sur lesquels nous allons travailler avec les parties (du conflit). La Russie (travaillera) avec le gouvernement syrien, les États-Unis avec l'opposition», a ajouté le ministre russe.

Les deux responsables ont été rejoints pendant près d'une heure en milieu de journée par l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.

Une fois résolues «les questions purement techniques», et «dès qu'il y aura suffisamment de bonne volonté pour organiser des négociations productives», M. de Mistura «nous aidera à revenir à la table des négociations pour parvenir à un accord sur une transition politique», a assuré M. Lavrov.

Plusieurs sessions de discussions intersyriennes, destinées à mettre fin à ce conflit qui a fait plus de 290.000 morts depuis 2011, ont eu lieu à Genève depuis le début de l'année, sans aboutir à des résultats.

Moscou et Washington ont le groupe Etat islamique (EI) comme ennemi commun, mais la Russie soutient politiquement et militairement le régime de Damas, tandis que les États-Unis appuient l'opposition syrienne qui réclame le départ du président Bachar al-Assad.

La réunion de vendredi intervenait alors que le conflit est devenu encore plus complexe avec l'intervention militaire de la Turquie dans le nord de la Syrie, contre les jihadistes de l'EI mais également contre les Kurdes.

M. Lavrov a aussi assuré que les contacts bilatéraux avec Washington sur le dossier syrien allaient «s'intensifier».

La Russie a annoncé jeudi être prête à discuter avec Washington du rapport de l'ONU qui accuse le régime de Damas d'avoir mené des frappes chimiques en Syrie. Le rapport met également en cause l'EI dans l'utilisation de telles armes.

Les deux pays coprésident en outre un groupe de travail de l'ONU sur l'aide humanitaire en Syrie qui tente de faire parvenir l'aide aux zones assiégées dans ce pays dévasté par la guerre.