L'armée afghane a repoussé une nouvelle offensive des talibans autour de Kunduz, brièvement occupée l'an dernier par les insurgés, mais les civils une fois de plus sont jetés sur les routes par la peur des combats.

«La menace sur Kunduz a été levée» a affirmé dimanche à l'AFP Seddiq Seddiqi, porte-parole de l'Intérieur après qu'une nouvelle fois les renforts des troupes spéciales dépêchées en urgence ont permis de desserrer l'étau sur la ville.

L'arrivée d'environ 200 hommes des commandos de l'armée et de la police et des renforts d'artillerie ont permis de reprendre le contrôle du district de Khab Abad, verrou situé à une trentaine de kilomètres au sud-est de la capitale provinciale, tombé samedi à l'aube aux mains des insurgés.

«Le centre de la ville est totalement sous notre contrôle et de larges zones ont été nettoyées de toute présence insurgée. Ils sont dans la nature», a également affirmé un porte-parole du ministère de la Défense, Mohammad Radmanesh faisant état de pertes importantes dans les rangs insurgés.

Les forces de sécurité ont été déployées dans le district et seuls des combats épars se font encore entendre, selon le bureau du gouverneur.

Après la chute de Kunduz en septembre 2015, seule capitale provinciale depuis 2001 passée trois jours durant sous contrôle des talibans, les autorités afghanes et les forces américaines stationnées dans le pays avaient juré de défendre coûte que coûte les grands centres urbains.

«Nous n'avons pas été en mesure de déployer tout notre plan opérationnel sur Kunduz parce que nous avons été encore occupés dans d'autres régions» a reconnu Seddiq Seddiqi, citant les offensives, récurrentes et encore en cours des talibans dans le Helmand, la province du pavot dans le sud et dans celle de Baghlan, plus les opérations contre le groupe Etat Islamique dans le Nangarhar.

Champs minés, civils sur les routes

La presse locale rapportait également dimanche de nouveaux affrontements dans le Faryab, province du nord-ouest.

Chaque nouvelle éruption de violence, même brève, inflige de nouvelles souffrances aux civils bloqués chez eux sans ravitaillement ou contraints de fuir pour se mettre à l'abri.

Entre janvier et juin, 1601 Afghans ont été tués et 3565 blessés, dont un tiers d'enfants, selon les Nations unies.

De plus, en cas d'affrontements, les routes et les écoles sont fermées, les champs minés et les ponts parfois détruits par les talibans.

Dimanche les forces gouvernementales travaillaient ainsi à rouvrir à la circulation le pont d'Alchin, au sud-est de Kunduz, axe essentiel pour relier la ville à Kaboul.

Dans la région, des milliers de civils continuaient cependant de prendre la route, craignant de nouveaux combats et le retour des talibans, et incapables de subsister dans des localités privées d'eau et d'électricité - les lignes ayant été coupées par les talibans.

«Les talibans ont pillé les immeubles officiels et les maisons des fonctionnaires quand ils ont occupé le district et les gens ont peur qu'ils reviennent», a confié un des habitants de Khan Abad joints par l'AFP, Mohammad Sahim.

Khalid, dont la boutique de vêtements était de nouveau fermée, se trouvait toujours en ville, mais rapportait que «les gens ont peur que les talibans reviennent prendre Khan Abad» malgré le déploiement des forces de sécurité.

«Les rues sont vides, il n'y a plus qu'une ou deux boutiques ouvertes. On n'a plus d'eau potable ni de nourriture. La vie devient vraiment difficile, on ne sort plus on va mourir de faim» .

Au cours des deux dernières semaines, la population du Helmand a connu la même situation quand les talibans s'étaient rapprochés de la capitale Lashkar Gah.

Ces régions sont essentiellement agricoles; en fuyant, les habitants abandonnent leurs champs et leurs récoltes de maïs, de coton, mais aussi de fruits et de légumes en cette fin d'été.

La province de Kunduz produit ainsi 60% du riz en Afghanistan et 12% du blé, selon le ministère de l'Agriculture. Fin 2015, un reportage du réseau humanitaire Irin des Nations unies avait montré une augmentation des prix des denrées allant jusqu'à 60% après l'offensive de l'automne sur Kunduz.