La coalition arabe commandée par l'Arabie saoudite a nié dimanche être à l'origine du bombardement d'une école qui a tué dix enfants dans le nord du Yémen, affirmant avoir visé un camp d'entraînement contrôlé par les rebelles.

L'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a affirmé dimanche que des raids aériens sur une école coranique avaient fait samedi 10 morts et 28 blessés parmi des enfants à Haydan, dans la province de Saada, contrôlée par les rebelles Houthis.

L'Unicef a également fait état de bombardements sur une école ayant tué plusieurs enfants. Elle a exhorté les belligérants à épargner les civils.

Mais la coalition militaire arabe affirme avoir visé un centre d'entraînement où les rebelles formaient selon elle des enfants soldats.

«Ils utilisent des enfants comme recrues», a déclaré à l'AFP le général saoudien Ahmed al-Assiri en «démentant qu'une école ait été la cible de la coalition».

Selon lui, le bombardement a tué le chef du camp, Abou Yahya Abou Rabaa, et un nombre non spécifié de rebelles chiites Houthis.

«Notre question est la suivante: que font des enfants là-bas?», a-t-il demandé.

Le général Assiri a accusé les rebelles d'«utiliser des enfants comme éclaireurs, gardes, messagers et combattants».

Originaires du nord du Yémen, les Houthis se sont soulevés contre le pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi en 2014. Alliés à l'ex-chef de l'Etat Ali Abdallah Saleh, poussé au départ en 2012 après une révolte populaire, ils ont conquis de vastes portions de territoire, dont la capitale Sanaa.

En mars 2015, l'Arabie saoudite sunnite voisine, qui accuse les Houthis de liens avec le rival iranien chiite, a pris la tête d'une coalition militaire arabe pour freiner la progression des rebelles en menant notamment des bombardements aériens.

Depuis, cette guerre a fait plus de 6400 morts et 30 000 blessés, dont de nombreux civils.

Moins de 15 ans

La coalition et l'Arabie saoudite sont régulièrement accusées de «bavures» contre des civils.

«Nous avons vu 10 enfants morts et 28 blessés, tous âgés de moins de 15 ans et victimes de frappes aériennes sur une école coranique à Haydan», a indiqué à l'AFP une porte-parole de MSF, Malak Shaher.

Des vidéos montrant des enfants morts enveloppés dans des couvertures ont été diffusées sur Facebook par le porte-parole rebelle Mohammed Abdelsalam.

Les combats au Yémen se sont intensifiés depuis la suspension le 6 août de pourparlers au Koweït qui n'ont pas permis de mettre fin à la guerre.

«En raison de l'intensification des violences au Yémen, le nombre d'enfants tués ou blessés dans des bombardements aériens ou par l'explosion de mines a augmenté de manière significative», a déploré l'Unicef.

Tirs de missiles

Début août, l'ONU a accusé les belligérants de commettre des «violations du droit humanitaire».

En juin, la coalition arabe avait été inscrite par l'ONU sur une liste noire des gouvernements et entités ne respectant pas les droits des enfants, à la suite d'un rapport concluant qu'elle était responsable de la mort de 60% des 785 enfants tués au Yémen l'an dernier.

Très irritée, Ryad avait forcé le chef de l'ONU Ban Ki-moon à revenir sur cette décision en menaçant, selon des diplomates, de réduire ses financements aux agences onusiennes.

La coalition a admis le 4 août des «manquements» au droit humanitaire dans deux bombardements en 2015: l'un contre un complexe résidentiel dans la ville portuaire de Mokha (65 morts selon Human Rights Watch) et l'autre contre un hôpital géré par MSF dans le nord. La coalition accusait des Houthis de s'y cacher.

Depuis la reprise des combats à grande échelle mardi dernier, les rebelles ont eux multiplié les tirs de missiles sur le sud de l'Arabie saoudite, dont le dernier a été intercepté samedi soir, selon la coalition, alors qu'il visait la base militaire de Khamis Mechit.

Toujours dans le sud de l'Arabie saoudite, trois ouvriers indiens, deux bangladais et un népalais ont été blessés par un bombardement des rebelles yéménites ayant touché une usine de mise en bouteille d'eau à Najrane, selon la Défense civile saoudienne.

Sur le front de la lutte contre Al-Qaïda, les forces gouvernementales yéménites, soutenues par l'aviation de la coalition, ont repris dimanche aux djihadistes la ville de Zinjibar, chef-lieu de la province méridionale d'Abyane.

Profitant de la guerre, Al-Qaïda a renforcé sa présence dans le sud, tout comme le groupe Etat islamique (EI).