Les déclarations misogynes et anti-gais du colonel désigné pour être le grand rabbin de l'armée israélienne, qui a semblé justifier le viol de femmes non-juives en temps de guerre, ont déclenché mercredi une violente polémique.

Des députés, des organisations féministes et des éditorialistes ont lancé des appels pour barrer la route à la promotion du colonel Eyal Karim, 59 ans, choisi par l'état-major de l'armée.

Sa nomination doit être encore confirmée par le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman.

Cette mobilisation fait suite au rappel par les médias d'une série de déclarations faites par le rabbin dans le passé. Dans l'une d'elles, il avait affirmé qu'il est « très grave de "fraterniser" avec une femme non-juive, mais c'est permis en temps de guerre », car la Torah (la loi juive) permet de « satisfaire les mauvais penchants ».

Le tollé provoqué a été tel que le rabbin Karim a publié en 2012 un communiqué pour expliquer qu'il était strictement opposé au viol et que ces déclarations ne concernaient que l'époque biblique.

De son côté, l'armée a assuré dans un communiqué que M. Karim « n'avait jamais écrit, dit ou même pensé qu'un soldat israélien avait le droit d'agresser sexuellement une femme durant une guerre ».

Le rabbin s'est également prononcé contre le service militaire pour les femmes, qui doivent porter l'uniforme pendant deux ans contre trois ans pour les hommes.

En 2003, il avait également estimé que les Palestiniens auteurs d'attentats-suicides, mais qui ne sont que blessés devaient être tués sur place. « Les terroristes ne doivent pas être traités comme des êtres humains, ce sont des animaux », avait-il décrété.

À propos des homosexuels, il a suggéré qu'ils subissent des traitements, car ce sont des personnes « malades et handicapées ».

Mercredi, le chef de l'état-major Gadi Eisenkot s'est dit en désaccord avec les propos de M. Karim, énoncés alors qu'il était civil, qui « ne sont pas conformes aux valeurs de l'armée ». Mais M. Eisenkot a indiqué qu'il « restait sur sa décision » et que M. Karim était « le grand rabbin désigné » par l'armée.

Dans un communiqué publié à l'issue de la rencontre entre les deux hommes, l'armée a souligné que le colonel Karim respecterait toute personne « sans distinction de religion, de race ou d'orientation sexuelle » et qu'il soutient le service militaire pour les femmes.

Le colonel Karim doit en principe succéder au rabbin général Rafi Peretz qui a achevé un mandat de six ans. Il a étudié à la Yeshiva (séminaire talmudique) Ateret Cohanim, bastion des religieux nationalistes partisans d'une colonisation accélérée à Jérusalem-Est occupé. Il a servi comme combattant et a été commandant d'un commando parachutiste.