Trois chefs de la sécurité à Bagdad ont été limogés vendredi après un attentat dévastateur dans la capitale irakienne et une nouvelle attaque djihadiste qui a fait 40 morts plus au nord.

Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué l'attentat suicide au minibus piégé qui a tué dimanche au moins 292 personnes dans le quartier de Karrada à Bagdad, et celui contre un mausolée chiite qui a fait 40 morts jeudi soir dans la ville de Balad, à 70 km au nord de la capitale.

L'attentat de Karrada, l'un des plus sanglants qu'ait connu l'Irak depuis l'invasion américaine du pays en 2003, a fait également 200 blessés et provoqué la colère de la population qui juge les autorités incapables de les protéger.

Au moment de cette attaque qui a fait d'immenses dégâts, les habitants faisaient leurs courses pour la fête du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan.

Selon un communiqué publié vendredi par son bureau, le premier ministre Haider al-Abadi a « donné l'ordre de relever de leurs fonctions le commandant des opérations pour Bagdad et les responsables de la sécurité et des renseignements ».

Le commandant des opérations est le lieutenant-général Abdelamir Al-Chimmari. Un proche de M. Abadi a expliqué que les autres responsables démis étaient le chef des renseignements pour Bagdad au ministère de l'Intérieur et le responsable en charge de la capitale au bureau du conseiller de la sécurité nationale.

Cette annonce survient aussi après la démission du ministre de l'Intérieur Mohammed Al-Ghabbane, à la suite de l'attentat de Karrada. Il avait admis des failles dans les mesures de sécurité à Bagdad soulignant que les points de contrôle disséminés à travers la capitale étaient « absolument inutiles ».

Selon lui, le véhicule piégé de Karrada venait de la province de Diyala, au nord-est de la capitale, ce qui signifie qu'il est parvenu à franchir les points de contrôle sans encombre.

Obus, tirs et kamikazes

Quatre jours après l'attaque à Bagdad, l'EI a mené un assaut meurtrier dans la ville majoritairement chiite de Balad qui a fait 40 morts et 74 blessés, selon un nouveau bilan fourni par le porte-parole du ministère de la Santé, Ahmed al-Rudaini. Un précédent bilan faisait état de 30 morts et de 50 blessés.

Jeudi soir, des assaillants ont bombardé aux obus de mortier le mausolée Sayyed Mohammed - fils d'un imam vénéré par la communauté musulmane chiite - avant l'arrivée sur place de kamikazes vêtus d'uniformes militaires qui ont à leur tour ouvert le feu, a indiqué le commandement militaire des opérations conjointes.

Deux des kamikazes se sont ensuite fait exploser et le troisième a été tué et sa ceinture explosive désamorcée, a-t-il ajouté. Aucun n'a réussi à pénétrer dans le mausolée.

L'attentat a provoqué des dégâts importants sur un marché proche, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Il a été revendiqué par l'EI, qui cible notamment la communauté chiite. Le groupe ultraradical sunnite a précisé dans un communiqué que cinq djihadistes avaient tué des gardes du mausolée puis affronté les forces de sécurité pendant des heures avant de déclencher leurs explosifs. Le communiqué ne fait pas état de tirs de mortier.

« Il est évident que cette lâche attaque contre le mausolée vise à réveiller les tensions sectaires et ramener l'Irak dans les jours sombres du conflit confessionnel », a déploré dans un communiqué l'envoyé spécial de l'ONU pour l'Irak, Jan Kubis.

La province de Salaheddine, où se trouve Balad, est contrôlée en grande partie par les forces gouvernementales qui ont chassé l'EI de son chef-lieu Tikrit et de la ville de Baïji.

Ces villes avaient été conquises par l'EI après son offensive fulgurante en juin 2014 qui lui avait permis de s'emparer de vastes pans du territoire face à la débandade des troupes irakiennes.

Mais quelques mois plus tard et avec l'aide précieuse de l'aviation de la coalition internationale dirigée par les États-Unis et celle de tribus et de milices, les forces irakiennes ont commencé à reprendre du terrain à l'EI.

Les djihadistes du groupe extrémiste ont riposté aux revers subis sur le terrain par des attentats visant les civils et en particulier les chiites, qu'ils qualifient d'hérétiques.