Douze recrues de l'armée afghane ont été tuées et plus d'une vingtaine d'autres blessées lundi dans un attentat-suicide taliban contre le car qui les transportait dans l'instable province de Nangarhâr (est), en amont de «l'offensive de printemps» des insurgés.

Depuis la fin de la mission de combat de l'OTAN en décembre 2014, les talibans ont accentué leur insurrection et refusent pour l'heure un dialogue direct avec le gouvernement de Kaboul, malgré les appels à la négociation, le dernier encore lancé samedi par le secrétaire d'État américain John Kerry lors d'une visite surprise dans la capitale afghane.

Lundi après-midi, dans la grande banlieue de Jalalabad, le chef-lieu de Nangarhâr, un kamikaze a déclenché la charge «qu'il avait dissimulée sur son tricycle à moteur au passage d'un car qui transportait des recrues», a déclaré à l'AFP Attaullah Khogyani, porte-parole du gouverneur. Il a évoqué un bilan de «12 recrues tuées et 38 autres blessées».

Selon Dawlat Waziri, porte-parole du ministère afghan de la Défense, 12 recrues ont été tuées et 26 autres blessées. «Le car emmenait les recrues de Jalalabad à Kaboul», à 130 km plus à l'ouest, a-t-il précisé.

«J'ai perdu mon père et deux de mes frères dans cette attaque», a expliqué à l'AFP Ahmed qui s'est rendu à l'hôpital provincial dès qu'il a appris la nouvelle.

Sur place, le car était totalement détruit, selon un photographe de l'AFP. Le sang des victimes tapissait le sol où se trouvaient également des vêtements et des effets personnels des soldats.

L'attaque a ensuite été revendiquée par Zabiullah Moudjahid, le porte-parole habituel des talibans, sur son compte Twitter.

Le président afghan Ashraf Ghani a «fermement condamné cet attentat terroriste». Son gouvernement tente de faire revenir les insurgés à la table des négociations, mais ils refusent tant que leurs exigences n'auront pas été satisfaites, dont le départ des troupes de l'OTAN.

L'été dernier, un premier dialogue direct avait eu lieu au Pakistan. Mais le contact s'est brusquement rompu à l'annonce surprise de la mort du mollah Omar, le fondateur du mouvement taliban.

Pour tenter de raviver ce dialogue, Afghans, Pakistanais, Chinois et Américains se réunissent périodiquement à Islamabad et Kaboul depuis le mois de janvier et appellent au dialogue. Ces efforts n'ont encore donné aucun résultat.

Si le successeur du mollah Omar, le mollah Akhtar Mansour, est loin de faire l'unanimité parmi les cadres talibans, les insurgés ont multiplié les attentats et les offensives militaires.

Ils sont ainsi parvenus à s'emparer brièvement de Kunduz, verrou stratégique du Nord afghan, à l'automne. Et ils devraient sous peu lancer leur désormais traditionnelle «offensive de printemps»

La province de Nangarhâr, où s'est produit l'attentat de lundi, est également l'un des foyers dans la région du groupe État islamique (EI), particulièrement implanté à la frontière avec le Pakistan. La plupart des combattants de l'EI dans cette zone sont d'anciens talibans afghans et pakistanais déçus par la direction du mouvement taliban.