La justice militaire israélienne a ordonné vendredi que le soldat accusé d'avoir achevé d'une balle dans la tête un assaillant palestinien blessé et à terre soit transféré d'une prison militaire à sa base, où il sera mis aux arrêts, a indiqué l'armée.

Une nouvelle audience est prévue mardi devant une cour d'appel militaire dans cette affaire, a précisé l'armée dans un communiqué.

Un juge militaire avait déjà ordonné en première instance jeudi que le soldat, un Franco-Israélien de 19 ans, soit mis aux arrêts, un régime présumé moins rigoureux que la détention en prison militaire.

L'accusation avait fait appel, mais la décision a été confirmée vendredi.

Jeudi, l'accusation avait indiqué enquêter contre le soldat pour «homicide volontaire», et non pas pour la qualification plus grave d'assassinat qui, selon les médias, était envisagée initialement par les enquêteurs.

Le soldat, dont les médias ne peuvent pas diffuser ni l'image ni l'identité en raison de la censure militaire, est accusé d'avoir achevé d'une balle dans la tête, le 24 mars, un Palestinien blessé et à terre qui avait auparavant tenté d'attaquer des soldats israéliens au couteau.

Les faits se sont déroulés à Hébron, une ville de Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Ils ont été documentés par une vidéo prise par un militant palestinien d'une célèbre organisation israélienne de défense des droits de l'homme, B'Tselem, qui s'est propagée sur les réseaux sociaux.

Le Palestinien de 21 ans, agonisant, ne semblait plus représenter le moindre danger pour les soldats et les infirmiers alentour.

Le cas du soldat divise profondément les Israéliens, entre ceux qui plaident pour le respect par l'armée de valeurs éthiques comme l'usage proportionnel de la force et ceux qui au contraire défendent bec et ongles le militaire en justifiant son acte par la multiplication des attaques palestiniennes.

Certains vont jusqu'à dire que tout Palestinien qui attaque un Israélien mérite de mourir, quelles que soient les circonstances.

L'affaire a aussi causé des tensions au sein de la coalition gouvernementale de droite du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

L'état-major a immédiatement dénoncé le comportement du soldat comme contraire à ses règles et à ses valeurs.

Le représentant de l'accusation a produit jeudi devant la cour des témoignages selon lesquels le soldat avait déclaré à des camarades sur place qu'il était impossible que le Palestinien s'en tire vivant, a rapporté la presse israélienne.

Il a aussi contesté les déclarations du soldat qui, après coup, avait justifié son acte par la crainte que le Palestinien ne cache une ceinture d'explosifs sous ses vêtements.

Le corps devrait être autopsié dans les prochains jours, dimanche selon plusieurs médias israéliens.

La famille d'Abdel Fattah al-Sharif s'était initialement opposée à cet examen en réclamant que l'autopsie soit conduite par un expert de son choix.

Les autorités israéliennes ont indiqué avoir accepté la présence d'un médecin palestinien représentant la famille. Mais il pourra seulement demander au légiste d'effectuer certains examens - à charge pour ce dernier d'accepter ou non - et faire ses observations, qui seront consignées dans le rapport final.

Depuis le 1er octobre, les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël sont en proie à une vague de violences qui a coûté la vie à 200 Palestiniens, 28 Israéliens, deux Américains, un Érythréen et un Soudanais, selon un décompte de l'AFP.

La plupart des Palestiniens tués sont les auteurs ou auteurs présumés d'attaques, selon les autorités israéliennes. Ces violences surviennent sur fond de lassitude des jeunes Palestiniens face à l'occupation, selon des experts.