Un soldat israélien accusé d'avoir achevé un assaillant palestinien blessé a comparu mardi devant une cour militaire, devant laquelle des dizaines de personnes lui ont manifesté leur soutien, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans un climat passionné autour de ce cas, l'accusation avait demandé que la détention de ce soldat soit prorogée jusqu'au 7 avril, mais le tribunal réuni dans la base militaire Bar-Lev (ouest) a décidé de la prolonger seulement jusqu'à jeudi.

L'enquête en cours « appuie le soupçon que le soldat a tiré intentionnellement et sans aucune nécessité », a déclaré devant la cour le représentant de l'accusation, le lieutenant-colonel Adoram Rigler.

À l'extérieur, des dizaines de sympathisants du soldat ont réclamé sa libération.

Le militaire de 19 ans, qui a la double nationalité franco-israélienne, mais dont le nom et l'image sont frappés de censure, est accusé d'avoir achevé d'une balle dans la tête un Palestinien déjà atteint par balle après avoir participé à une attaque au couteau contre des soldats israéliens le 24 mars à Hébron, en Cisjordanie occupée.

Le Palestinien, apparemment agonisant, ne semblait plus représenter le moindre danger pour les soldats et les infirmiers alentour.

Les défenseurs du soldat ont déclaré que le Palestinien aurait pu dissimuler une ceinture d'explosifs sous ses vêtements.

La vidéo qui a révélé les faits, prise par un militant d'une organisation de défense des droits de l'homme, montre d'autres soldats visiblement peu inquiets à proximité immédiate du Palestinien agonisant.

Le soldat mis en cause a été arrêté le jour même par l'armée israélienne.

Son cas a suscité une querelle enflammée parmi les Israéliens, entre ceux qui professent le respect par l'armée d'une certaine éthique et ceux qui défendent le soldat en invoquant les attaques palestiniennes quasiment quotidiennes.

L'affaire a aussi provoqué de vives tensions au sein de la majorité de droite du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

L'armée, M. Nétanyahou et le ministre de la Défense Moshe Yaalon ont rapidement réprouvé l'acte du soldat. M. Yaalon a promis « la plus grande sévérité ». Mais le ministre de l'Éducation Naftali Bennett, chef de file d'un parti nationaliste religieux défendant la colonisation, a très vite attaqué MM. Nétanyahou et Yaalon en criant au jugement prématuré.

Avigdor Lieberman, ex-ministre des Affaires étrangères connu pour ses prises de position incendiaires, a jugé « hypocrite et injustifié de se liguer contre le soldat ». Il était mardi dans la salle d'audience, au côté d'une dizaine de proches du soldat, dont certains en larmes.

Les proches ont refusé de s'exprimer.

Mais Jacky Cohen, 66 ans, un sympathisant, a décrit le soldat comme « l'enfant de la nation juive tout entière ». « Au lieu de le soutenir pour avoir éliminé un méprisable terroriste, on l'a menotté comme un vulgaire criminel », a-t-il dit.

De nombreuses autres voix se sont élevées pour affirmer que le Palestinien avait reçu le sort qu'il méritait.

Les défenseurs des droits de l'homme et les Palestiniens ont, eux, dénoncé une nouvelle exécution sommaire.

La direction palestinienne a indiqué avoir demandé aux Nations unies d'enquêter sur les « exécutions extrajudiciaires » israéliennes. Elle a assimilé toutes les morts de Palestiniens depuis bientôt six mois à de telles exécutions.

Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël sont en proie à une vague de violences qui a coûté la vie à 200 Palestiniens, 28 Israéliens, deux Américains, un Érythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP.

La plupart des Palestiniens tués sont les auteurs ou auteurs présumés d'attaques.

Le militant qui a pris la vidéo de Hébron a indiqué que lui et sa famille avaient depuis fait l'objet de menaces.