L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a réclamé vendredi des «informations précises» sur les sanctions infligées aux militaires américains impliqués dans le bombardement de son hôpital de Kunduz (Afghanistan) en octobre.

Aucune information directe sur le contenu de ces sanctions annoncées jeudi à Washington n'est parvenue à MSF, a déploré l'ONG.

«Nous disposons du même niveau d'information que ce qui a été rapporté dans les médias, qui est extrêmement vague. Nous allons demander aux États-Unis des informations précises sur ce que sont ces mesures disciplinaires avant de commenter», a indiqué MSF dans un communiqué.

«Les États-Unis devraient faire preuve de transparence envers les familles des victimes, MSF et le public en donnant des détails sur les mesures disciplinaires qu'ils jugent appropriées et pourquoi, en réponse à la mort de 42 personnes» lors du raid, argue MSF.

MSF avait auparavant invoqué «des violations du droit de la guerre» et appelé en vain à une enquête internationale indépendante, une demande soutenue notamment par le Parlement européen.

Des responsables américains de la Défense ont annoncé jeudi que plus de dix militaires avaient fait ou allaient faire l'objet de sanctions administratives à la suite de cette erreur qui avait scandalisé l'opinion publique et poussé le président Barack Obama à présenter ses excuses.

«Barbare et inhumain»

«Les personnes les plus étroitement impliquées dans l'incident ont été suspendues de leur fonction et des sanctions administratives ont été mises en oeuvre» contre elles, a indiqué jeudi le colonel Patrick Ryder, porte-parole du Centcom, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient. «Certaines ont été écartées du théâtre des opérations».

Les sanctions administratives peuvent prendre différentes formes, de la simple admonestation à la lettre de réprimande - qui, de fait, bloque la carrière - jusqu'au retrait de commandement.

«Les sanctions (américaines) sont une blague», a  estimé vendredi Saeed Haqyar, un habitant de Kunduz qui a perdu son oncle lors de l'attaque. «Ce crime barbare, inhumain a conduit les membres de la famille endeuillée au bord de la folie. Les responsables méritent d'être pendus», a-t-il ajouté.

Une autre ONG, Human Rights Watch, a estimé dans un communiqué que «les familles des victimes vont, avec raison, considérer (les sanctions annoncées) comme à la fois une injustice et une insulte : l'armée américaine a enquêté elle-même et décidé qu'aucun crime n'avait été commis». Il s'agit «d'un affront aux vies perdues à l'hôpital MSF, mais aussi d'un coup porté à l'État de droit en Afghanistan et ailleurs», a-t-elle souligné.

Le raid, conduit le 3 octobre 2015 par un avion des forces spéciales américaines, avait été mené peu après que les talibans eurent brièvement occupé Kunduz fin septembre, leur principale victoire militaire depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir par une invasion américaine en 2001.